Nous savions déjà que l’école n’a jamais vraiment appris à penser. Elle a toujours appris à penser dans le bon cadre. À réciter, à obéir, à donner la bonne réponse attendue. Pas à douter. Pas à contester. Encore moins à créer. On ne nous dit pas en entrant à l’école voilà qui vous devez être en fonction de vos qualités et de vos acquis innés, mais voilà ce que vous devez devenir. C’était jusqu’à aujourd’hui. Mais voici le second coup de massue.
L’école 2.0 ne se contente plus d’encadrer la pensée, elle la programme. Tablettes dès la maternelle, Intelligence Artificielle pour corriger les devoirs, notation automatique par algorithme, programmes scolaires standardisés à l’échelle mondiale. Le tout présenté comme un progrès, une modernisation, une égalité des chances.
En réalité, c’est une mutation silencieuse de l’éducation en un système d’alignement idéologique. L’enfant n’est plus un être en construction. Il devient une unité cognitive à calibrer. Une conscience à synchroniser avec les récits dominants.
Qui finance les réformes éducatives internationales? Qui les pilote? Quel type d’être humain cherchent-ils à fabriquer?
En France plus que jamais, aujourd’hui, on n’apprend plus à penser. On apprend à adhérer. Et ça commence dès cinq ans. Le ministère de l’Education nationale a lancé un programme appelé MIA Seconde: un tuteur numérique basé sur l’Intelligence Artificielle, censé aider les élèves en français et en mathématiques. L’objectif officiel, c’est "personnaliser les parcours", "réduire les inégalités". Mais dans les faits, l’élève est confronté à une interface qui corrige, qui oriente et qui valide le raisonnement selon une logique prédéfinie.
Le cheminement devient linéaire, binaire. L’erreur n’est plus un espace d’exploration, mais un écart à corriger immédiatement. À l’échelle européenne, le programme AI4T (Artificiel Intelligence for Teachers) forme les enseignants à intégrer l’Intelligence Artificielle dès l’école primaire. Cela signifie que dès 7 ou 8 ans, les enfants commencent à interagir avec des assistants pédagogiques capables de leur apprendre quoi que ce soit, comment répondre, dans quel ordre, leur apprendre aussi à réfléchir. Chaque interaction est une réduction de la spontanéité.
Chaque "aide" est un encadrement invisible de la pensée. Le problème n’est pas technique. Il est épistémologique: l’Intelligence Artificielle encode un modèle unique de savoir, un modèle unique de logique et de langage. Et tout ce qui s’écarte de cette norme est ignoré, minoré, reformulé.