Pour le féminisme radical, un système peu visible et une idéologie peu visible oppriment les femmes au bénéfice des hommes. Gayle Rubin, militante américaine née en 1949, formule l’idée:
" Nous ne sommes pas seulement opprimées en tant que femmes, nous sommes opprimées par le fait de devoir être des femmes ou des hommes selon le cas. Mon sentiment personnel est que le mouvement féministe doit rêver à bien plus encore qu’à l’élimination de l’oppression des femmes. il doit rêver à l’élimination des sexualités obligatoires et des rôles de sexe.
Le rêve qui me semble le plus fascinant est celui d’une société androgyne et sans genre (mais pas sans sexe), où l’anatomie sexuelle n’aurait rien à voir avec qui l’on est, ce que l’on fait, ni avec qui on fait l’amour ".
L’idéologie du genre, c’est la potion magique obtenue en concassant tous les ingrédients au pilon dans un énorme mortier. Elle arrive à maturité dans les milieux féministes universitaires américains.
Judith Butler, philosophe et idéologue des politiques gays et lesbiennes, née en 1956, popularise l’idéologie du genre. Elle considère que les concepts de masculinité et de féminité sont des mythes imposés par la société, dans le but d’entretenir la "matrice hétérosexuelle" de domination de l’homme sur la femme.
Les notions d’homme et de femme n’ont de sens que dans le cadre de la "matrice hétérosexuelle".
LE COMBAT FEMINISTE VISE L’HETEROSEXUALISME.
Semer le trouble dans le genre pour le provoquer dans l’ordre de la sexualité.
Parachever le travail de dénaturalisation du genre d’abord, afin d’ouvrir un autre chantier, celui de la dénaturalisation de la sexualité.
Donner congé aux deux catégories, le sexe et le genre, qui fondent le primat du désir de l’autre sexe, non du même sexe.
Les deux protagonistes ordinaires, l’homme et la femme, s’aboliraient en tant qu’entités distinctes et ne seraient plus que des rôles dans lesquels se fondre à loisir.
Alors, toute la fiction de l’hétérosexualité s’éboulerait.
Avec Judith Butler, le genre propose de brouiller les catégories du masculin et du féminin.
La distinction entre le sexe et le genre " qui visait d’abord à réfuter l’idée de la biologie comme destin permet de soutenir que le genre est culturellement construit indépendamment de l’irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe: c’est pourquoi le genre n’est ni la conséquence directe du sexe, ni aussi fixe que ce dernier ne le paraît ".
Les deux catégories du masculin et du féminin sont fondées en nature, pensées et vécues comme deux réalités distinctes. Elles nous enchaînent, nous limitent. Une fois le genre réduit à un fait de culture, ces significations doivent perdre leur caractère prescriptif, normatif.