La nouvelle école de l’Intelligence Artificielle (22/06/2025)
Nous savions déjà que l’école n’a jamais vraiment appris à penser. Elle a toujours appris à penser dans le bon cadre. À réciter, à obéir, à donner la bonne réponse attendue. Pas à douter. Pas à contester. Encore moins à créer. On ne nous dit pas en entrant à l’école voilà qui vous devez être en fonction de vos qualités et de vos acquis innés, mais voilà ce que vous devez devenir. C’était jusqu’à aujourd’hui. Mais voici le second coup de massue.
L’école 2.0 ne se contente plus d’encadrer la pensée, elle la programme. Tablettes dès la maternelle, Intelligence Artificielle pour corriger les devoirs, notation automatique par algorithme, programmes scolaires standardisés à l’échelle mondiale. Le tout présenté comme un progrès, une modernisation, une égalité des chances.
En réalité, c’est une mutation silencieuse de l’éducation en un système d’alignement idéologique. L’enfant n’est plus un être en construction. Il devient une unité cognitive à calibrer. Une conscience à synchroniser avec les récits dominants.
Qui finance les réformes éducatives internationales? Qui les pilote? Quel type d’être humain cherchent-ils à fabriquer?
En France plus que jamais, aujourd’hui, on n’apprend plus à penser. On apprend à adhérer. Et ça commence dès cinq ans. Le ministère de l’Education nationale a lancé un programme appelé MIA Seconde: un tuteur numérique basé sur l’Intelligence Artificielle, censé aider les élèves en français et en mathématiques. L’objectif officiel, c’est "personnaliser les parcours", "réduire les inégalités". Mais dans les faits, l’élève est confronté à une interface qui corrige, qui oriente et qui valide le raisonnement selon une logique prédéfinie.
Le cheminement devient linéaire, binaire. L’erreur n’est plus un espace d’exploration, mais un écart à corriger immédiatement. À l’échelle européenne, le programme AI4T (Artificiel Intelligence for Teachers) forme les enseignants à intégrer l’Intelligence Artificielle dès l’école primaire. Cela signifie que dès 7 ou 8 ans, les enfants commencent à interagir avec des assistants pédagogiques capables de leur apprendre quoi que ce soit, comment répondre, dans quel ordre, leur apprendre aussi à réfléchir. Chaque interaction est une réduction de la spontanéité.
Chaque "aide" est un encadrement invisible de la pensée. Le problème n’est pas technique. Il est épistémologique: l’Intelligence Artificielle encode un modèle unique de savoir, un modèle unique de logique et de langage. Et tout ce qui s’écarte de cette norme est ignoré, minoré, reformulé.
En fait, ce que ces programmes installent, ce n’est pas une révolution éducative, c’est une standardisation mentale prématurée, déguisée en progrès.
Dans plusieurs pays européens, les tablettes sont désormais obligatoires dès la maternelle: en France, en Suède, en Finlande, en Estonie, au Royaume-Uni. Les enfants, à peine sortis de la phase d’apprentissage du langage, se retrouvent déjà confrontés à des interfaces tactiles, à des exercices à choix multiples, à des applications éducatives aux couleurs vives, mais aux contenus figés. Le discours est toujours le même: "familiariser les enfants avec le numérique", "préparer aux métiers du futur".
Mais la réalité est plus brutale parce que l’écran remplace l’enseignant, l’interface remplace la parole, et l’attention se fragmente dès le plus jeune âge. L’enfant n’apprend plus à construire une idée, n’append plus à formuler une pensée lente, n’apprend plus à errer dans la complexité.
Il glisse, il clique, il valide. Et chaque clic renforce la dépendance au système, le besoin d’être corrigé, validé, guidé par l’extérieur.
Ce qu’on appelle "apprentissage adaptatif" n’est qu’un autre nom pour le conditionnement numérique. Moins d’imagination, moins de mémoire active, moins d’effort cognitif. Le cerveau devient passif, assisté, habitué à recevoir plutôt qu’à chercher. L’enfant ne devient pas plus intelligent. Il devient opérationnel. Il devient fonctionnel, dans un environnement contrôlé, mais incapable de penser hors du cadre. Bienvenue dans un paradigme aseptisé.
L’évaluation scolaire est en train d’être déléguée à des Intelligences Artificielles, dans un nombre croissant d’établissements pilotes. En Allemagne, c’est 15 écoles avec le projet K I-School. En Autriche, c’est 100 écoles qui évaluent l’apprentissage basée sur l’Intelligence Artificielle. En Italie, 15 lycées répartis dans quatre régions. En Finlande et en Estonie aussi. En France, le lycée Paul Valéry en cours de transformation en campus dédié à l’Intelligence Artificielle intégrant l’intelligence Artificielle dans ses pratiques pédagogiques. Corrections automatiques de copies, suggestions de feedbacks standardisés, notation basée sur des " critères objectifs " encodés dans les systèmes.
Mais un algorithme ne sait pas lire une intuition. Il ne reconnaît pas l’originalité. Il ne valorise pas ce qui colle parfaitement au modèle, à son modèle.
Résultat. Les bonnes réponses sont celles qui reproduisent le schéma attendu. Syntaxe conforme, logique linéaire, absence d’ambiguïté. L’élève qui prend un détour est pénalisé. Celui qui reformule avec sa propre voix est ignoré. L’innovation cognitive devient une erreur de format.
Cette notation ne valide pas l’intelligence, mais l’adaptation au système, une obéissance discrète à la structure, une docilité dans la forme et le fond. Bienvenue dans le monde du futur.
Et qui en sort? Un élève bien noté, mais parfaitement prédictible, un futur travailleur conforme, réactif, incapable de penser par lui-même si aucune commande ne lui est donnée.
Sous le nom rassurant de réforme éducative globale, un mouvement avance silencieusement, le GERM: Global Education Reform Movement = le Mouvement mondial de Réforme de l’Education.
On ne peut pas être plus clair. Derrière ce terme, se cache une transformation profonde des systèmes éducatifs, pilotée par des institutions internationales, des fondations privées et des plates-formes technologiques.
Au cœur du dispositif, des évaluations globalisées comme par exemple le test PISA de l’OCDE. Des compétences dites " universelles " traduites en critères mesurables, évaluables, ou encore réduites à des indicateurs quantifiables. Une structure pédagogique qui remplace les contenus critiques par des savoirs " utiles ": codage, compétences sociales, gestion de projet, résolution de problèmes.
En parallèle, ce qui disparaît, c’est la philosophie, trop abstraite. L’histoire critique, trop subversive. La littérature profonde, trop ouverte à l’interprétation. Aujourd’hui, tout le monde s’en fout, et pourtant, ce sont les gardiens de qui nous sommes.
Tout ce qui ne se corrige pas à l’Intelligence Artificielle, tout ce qui échappe aux QCM, est lentement effacé. L’école devient une usine à produits standardisés: des individus compatibles avec l’économie numérique, adaptables, sans racines culturelles profondes, sans conscience politique claire. Une génération harmonisée, exportable, programmable.
Ce n’est pas une école pour élever les consciences. De toute manière, cela ne l’a jamais été. Mais aujourd’hui, c’est une formation de base pour main d’œuvre cognitive. Les programmes scolaires ne sont plus uniquement rédigés par les ministères. Ils sont co-produits, orientés, sponsorisés, par des fondations privées dotées de milliards.
En tête de liste, la Fondation Bill et Melinda Gates, la George Lucas Educational Foundation, ou encore la Chan Zuckerberg Initiative. Leurs interventions se présentent comme "philanthropiques". Mais en réalité, elles imposent des contenus calibrés, fondés sur des valeurs prétendument universelles: diversité obligatoire, inclusion systématique, sensibilisation au climat, compétences du XXIe siècle.
Ces axes ne sont pas débattus. Ils sont intégrés d’office dans les manuels, dans les logiciels, et dans les tests standardisés. Ils façonnent une vision du monde unique, consensuelle, sans aucune contradiction possible. Ce n’est plus une éducation ouverte, c’est du marketing moral, présenté sous forme de pédagogie. Un formatage affectif, où l’élève n’apprend pas à construire une pensée, mais à adhérer à une morale préprogrammée. Et ce contenu moral est conçu par ceux qui détiennent le capital numérique, les brevets et les données. Ce ne sont pas des enseignants. Ce sont des investisseurs à mission.
Ce qui se joue ici dépasse l’éducation. Ce n’est pas une question de technologie ou de méthodes d’apprentissage. C’est un choix de société. C’est une bataille civilisationnelle. Tant que vous dites à vos enfants que l’école est importante, vous validez ce choix.
Un enfant à qui l’on n’apprend pas à douter, à remettre en question, à formuler sa propre pensée, deviendra un adulte programmable, docile, fonctionnel, incapable d’imaginer autre chose que ce qu’on lui impose.
Et ce glissement est déjà en cours. Ce n’est pas l’intelligence Artificielle qu’il faut craindre, mais l’usage qu’on en fait dans les lieux où l’esprit se construit, car derrière chaque tablette, chaque assistant pédagogique, chaque correction automatisée, il y a un filtre. Des intentions. Surtout, il y a un cadre invisible.
Il est temps de reprendre la main, en tant qu’enseignants, en tant que parents, en tant que citoyens. Refuser que la machine pense à la place de l’enfant. Refuser que l’école forme des exécutants. Exiger que l’école redevienne un espace de conflit intellectuel, de désordre créatif, de complexité. Un peuple qui pense par lui-même ne se programme pas.
LIBEREZ VOS ESPRITS ET LIBEREZ VOS ENFANTS.
Retranscription écrite d’une vidéo de Mika Denissot, spécialisé en psychologie algorithmique, habitant à Bali, en Indonésie.
J’ai relevé ce commentaire:
"Tout ça me fait penser à cette phrase bien connue qui dit que "chacun aura une marque sur la main droite ou sur le front, et que personne ne pourra acheter ni vendre, sans avoir la marque". Je crois que le combat est plus profond que celui de la civilisation. C’est l’humain lui-même dans ses particularités de libre-penseur, créateur de vie et de mondes qui est attaqué pour être réduit au statut de machine répliquante.
C’est un coup d’état sur l’âme humaine. Il ne faudra pas une génération pour que nous fassions ce grand plongeon dans la perte de notre humanité. L’enjeu est là. Et, si ça se passe comme ça, nous sommes les dernières générations à porter cette humanité. Les jeunes générations n’auront plus le choix. À nous de faire le bon choix … "
L’école a pour mission première d’apprendre à penser et à raisonner, au travers de la transmission du savoir et des connaissances, en toutes disciplines, malgré une objectivité et une impartialité difficiles à atteindre.
L’école des pédagogistes a freiné et réduit ces aspirations. L’école de l’Intelligence Artificielle, installée actuellement et progressivement, complémentaire de l’école des pédagogistes, met fin définitivement à l’ambition traditionnelle, parce qu’elle a une autre vision de l’homme, de la société, du monde.
Hitler, Goebbels, Staline en auraient rêvé. Leurs héritiers disposent d’une technologie numérique imparable et répondent à leur attente. L’école de l’intelligence Artificielle transformera l’homme, la société, le monde, de manière irréversible, comme le voulaient les nazis qui n’ont pas perdu la guerre en 1945, comme le voulaient les communistes qui n’ont pas perdu la guerre froide en 1991. Plus d’opposition, plus de dissidence, plus de résistance. Tout le monde obéit, mécaniquement et systématiquement, sans réfléchir, sans penser, sans raisonner. Les maîtres domineront un bétail humain rendu esclave. Mort de l’homme. Mort de l’humanité. Mort de la civilisation. Le plan mondialiste cosmopolite messianique avance à grands pas.
La reconnaissance faciale, le crédit social à la chinoise, se rapprochent. Les crimes, les attentats sont organisés et autorisés dans ce but: le contrôle incessant des gens ordinaires qui n’ont rien à se reprocher.
Dans le film Hunger Games, sorti en 2012, l’Amérique du Nord est divisée en deux sociétés: d’une part le Capitole réservé aux privilégiés, et d’autre part douze districts habités par les esclaves qui travaillent dur, qui vivent dans des conditions précaires, surveillés et filmés en permanence, moqués et méprisés.
La moisson est un tirage au sort destiné à un jeu télévisé sadique nommé le "Hunger Games". Chaque année, dans chaque district, une fille et un garçon âgés de 12 à 18 ans, sont choisis et s’affrontent au cours d’une lutte à mort, dans un large espace bien délimité. Sur les 24 participants, un seul survivra. Les gens du Capitole se réjouissent et se régalent du spectacle.
Hunger Games ou Jeux de la faim n’est pas de la science-fiction. C’est là où veulent nous emmener les Esprits Supérieurs, du moins en esprit et à quelques nuances près, si ce n’est la pure réalité. La caste politique, intellectuelle, médiatique, juridique et scientifique au pouvoir, inhumaine, cruelle, sadique, perverse, sauvage, haineuse et méprisante, considère les hommes et les femmes du peuple comme du bétail humain, et adhère à ce projet de mise en esclavage de l’humanité. Le peuple, apprivoisé, endormi et trompé par l’école, par les médias, par des divertissements stupides, obéit, subit, se soumet, et accepte.
Il en a toujours été ainsi au cours de l’histoire. Pendant très longtemps, l’aristocratie a dicté sa loi, tyrannique et esclavagiste sous l’Antiquité, plus humaine, bienveillante, et charitable aux temps féodaux et sous la Monarchie absolue. Depuis 1789, la bourgeoisie a chassé l’aristocratie, domine et écrase le peuple.
Donc depuis la nuit des temps, capitulation, docilité, servilité du peuple devant la force, la violence, l’argent. Quelques révoltes et soulèvements populaires sporadiques ici et là, toujours brisés et anéantis dans le sang, par exemple Spartacus entre 73 et 71 avant Jésus-Christ, les premiers chrétiens, les croquants sous l’Ancien Régime, les Communards en Mai 1871.
Les grandes révolutions sont toutes des révolutions préparées, organisées, et faites par la haute bourgeoisie: révolutions anglaises de 1649 et 1688, révolution américaine entre 1775 et 1783, révolutions françaises de 1789, 1830, 1848, révolution russe de 1917, révolution de 1968 dans beaucoup de pays. Le peuple participe, croit en la libération, puis est évincé, écarté, et repoussé. La bourgeoisie et la finance récupèrent toujours le pouvoir.
Aujourd’hui, le problème demeure le même. Le peuple inféodé et opprimé réussira-t-il à sortir des griffes du monstre bourgeois? Mais la bourgeoisie dispose d’outils très performants, dont l’ingénierie sociale, et les Français se contentent d’une situation en apparence confortable.
95% des Français au moins ne discernent et ne comprennent pas ce qui est en train de se passer… dont beaucoup ne veulent pas essayer de comprendre.
Jean Saunier
09:32 | Tags : histoire, société, livre, opinions, politique | Lien permanent | Commentaires (0)