Dans un commentaire du texte Macron à la Grande Loge de France, la franc-maçonnerie et la République, Monsieur L. Fidès écrit: " C’est l’article le moins délirant qu’ait produit J. Saunier… "
Par déduction, on peut penser que tous les autres textes produits par J. Saunier sont délirants, sont donc l’objet et l’émanation d’un délire.
D’après le dictionnaire Le Robert, Délire signifie désordre temporaire des facultés mentales causé par la fièvre, l’ivresse. Aberration de l’esprit caractérisée par l’association d’idées incompatibles entre elles et qui représentent pour le malade des choses réelles. Voir aliénation, divagation, égarement, folie, frénésie, hallucinations.
D’après le dictionnaire Alpha, délire signifie état mental pathologique qui se manifeste par un désordre des facultés intellectuelles et se traduit par une suite d’idées erronées, inaccessibles à la critique. C’est une perception sans objet réel, un mode d’interprétation onirique du réel. Le délire trouve son expression dans la concentration du sujet sur son monde intérieur (autisme), avec évasion de la réalité et altération de la personnalité. Le délire est un des éléments de la schizophrénie, mais on le rencontre aussi dans certaines formes de mélancolie dans les états de confusion mentale. L’alcoolisme peut déterminer un délire aigu.
Dans son livre Psychopathologie du totalitarisme, Ariane Bilheran, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, philosophe, psychologue et docteur en psychopathologie, analyse le concept de délire.
Pour faire régresser les psychismes, le système totalitaire dispense des chocs traumatiques réitérés à la population, et tente d’accaparer les consciences par le viol psychique. Les psychismes traumatisés entraînent le basculement dans la contagion délirante. A partir de là, l’idéologie se présente comme le pansement miraculeux et la solution. Cette solution donnera l’illusion que nous retrouvons tous ensemble une "normalité", et que nous reconstituons ensemble une concorde.
Divers mécanismes de défense font le lit du délire. Le déni est le mécanisme de défense le plus connu, et l’un des plus puissants. Tout l’enjeu du psychisme est de se protéger, quitte à réaménager les discours et la façon de se raconter la réalité. Avec le déni, il y a une incapacité à se représenter une situation vécue comme trop brutale. Sans un déni de réalité, il n’y aurait ni délire, ni contagion délirante.
Il s’agit de nier la représentation de la réalité extérieure, en raison de sa charge traumatique, et en dépit de toutes les évidences. Il s’agit de rejeter cette représentation de la réalité extérieure comme inacceptable. Ce processus psychique concerne les "plus fragiles" psychologiquement, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas les ressources internes suffisantes pour résister à une telle distorsion interprétative du monde, et qui sont la majorité.
Les repères sont inversés, la vérité est travestie en mensonge, les " gentils " sont désignés comme "méchants", les majoritaires exercent un pouvoir abusif, prétendent agir au nom de jolis principes et pour le "Bien commun". Dans ce monde devenu fou, il faut une certaine force psychique pour garder un raisonnement sain.
Le déni collectif se fonde sur l’argument que le critère de vérité est le critère du plus grand nombre. Les jugements de valeur épousés par la foule seraient plus vrais que ceux partagés par une minorité. La décision collective, seule porteuse de légitimité, prévaudra dans le groupe.
Le délire, nouvelle version de la réalité, s’appuie sur le déni. On peut se raconter qu’on a été des "gens bien", que l’on n’est pas coupables de ce dont on est coupables.
Au travers des médias de masse, le pouvoir totalitaire propose le discours que raconte cette fable: "Je suis un bon citoyen. Je ne suis pas le meurtrier passif de mon voisin que j’ai lâchement abandonné à son sort, dans sa misère, parce que je n’ai pas eu, moi, la force de résister à l’ultimatum de terreur du pouvoir".
Le sentiment de culpabilité intolérable doit être évacué à l’extérieur de soi, c’est la meilleure manière de se croire à l’abri de sa réapparition. Le sentiment de culpabilité est projeté sur l’innocent, celui qui est l’oeuvre de la mauvaise conscience. L’innocent n’a pas plié face aux injonctions totalitaires, c’est de sa faute. Il est coupable et doit être puni. Il est donc "normal" qu’il subisse une ségrégation et soit maltraité.
En désignant des coupables du forfait, la projection, deuxième mécanisme de défense, permet de s’illusionner sur sa propre innocence, d’éliminer cette mauvaise conscience.
Dans la projection, nous avons affaire à une culpabilité réelle, qui entraîne un sentiment de culpabilisé insupportable. L’idéologie totalitaire désigne les coupables à éliminer parmi les innocents, qualifie ces coupables, de "mauvais citoyens désobéissants", de "sous-citoyens": la survie psychique conduit nombre d’individus à cette projection.
La banalisation, troisième mécanisme de défense, consiste à minimiser ce qui s’est passé, à normaliser: "ce n’est pas si grave", "il y a pire, ce n’est pas la Corée du Nord, ici".
Avec la banalisation, on ne peut pas sortir de la situation, on met des filtres protecteurs pour survivre, et on s’accoutume à la violence.
L’isolation, quatrième mécanisme de défense, sépare la représentation de l’affect. Il y a anesthésie affective sur un épisode douloureux. La personne voit, mais ne ressent plus. Elle désigne un autre problème comme origine de sa souffrance. Elle se met dans une "bulle" et se désinvestit.
L’idéalisation est un cinquième mécanisme de défense. Le bourreau placé sur un piédestal, incritiquable, ne saurait être questionné.
Le clivage du Moi, sixième mécanisme de défense, est un compartimentage interne entre deux motions contradictoires qui ne se rencontrent pas: par exemple militer contre toute forme de stigmatisation de son prochain, hormis lorsqu’il s’agit d’une " supposée bonne cause".
Le clivage d’autrui, septième mécanisme de défense, concerne la relation à autrui: les autres sont catégorisés de manière caricaturale en bons et méchants. En système totalitaire, les "méchants" résistants à l’asservissement, à l’aliénation, deviennent des boucs émissaires.
Des clans, des scissions se forment. Les gens ne peuvent plus communiquer entre eux, ne peuvent plus se comprendre, dans un espace psychique où tout est confus.
Le psychisme érige d’autres remparts pour que le sentiment de culpabilité ne surgisse à la conscience, notamment le contrôle. Il faut colmater toute fissure potentielle. Et là, beaucoup de psychismes régressent en perversion. La survie psychique de l’individu commande sa régression en état pervers. L’état pervers est le rempart contre la folie paranoïaque. Il faut contrôler et instrumentaliser autrui, pour qu’autrui ne fasse pas émerger en soi ce sentiment de culpabilité. Autrui devient un instrument de sa propre jouissance, cette jouissance provient du triomphe sur le sentiment de culpabilité.
La mise au pas totalitaire impose le choc traumatique et l’idéologie. Le choc traumatique enclenche le déni pour le psychisme des victimes. L’idéologie propose un autre récit: " Tu n’es pas traumatisé, c’est pour ton bien, je vais te sauver … " L’idéologie ou discours délirant est donc un pansement de fortune collé sur la blessure traumatique: déni et délire, discours irrationnel, paradoxal et confus, n’ayant plus de rapport avec la réalité de l’expérience autour de soi.
L’idéologie, ce délire totalitaire, se caractérise par ce qu’elle nomme et qui n’existe pas, ou n’existe pas tel qu’elle le nomme. L’idéologie, ce délire totalitaire, se caractérise aussi par ce qu’elle ne nomme pas et qui existe, mais que les individus ne doivent pas voir, pas savoir.
Le traumatisme est contagieux et implique d’affronter trois angoisses. Première angoisse, l’angoisse de perte. Le psychisme a subi une blessure très grave, et ne reviendra jamais à l’état antérieur. Il y a toujours des séquelles, à minima une cicatrice, ou quelque chose qui marque une césure entre l’avant-traumatisme et l’après-traumatisme. On a perdu quelque chose qui ne se retrouvera jamais: la confiance innocente dans l’humanité, dans les gouvernants, dans les repères traditionnels.
Les systèmes totalitaires mettent toujours en scène cette angoisse de la perte. Ils brisent notre rapport avec la vie d’avant les chocs traumatiques qu’ils ont produits sur la population. Ils nous font miroiter qu’ils nous mènent vers un paradis perdu: " si tu fais ceci ou cela, tu retrouveras ta vie d’avant". La tentation est forte de se dire qu’il ne s’est rien passé, que nous n’avons rien perdu, que nous n’avons pas été victimes de l’Etat totalitaire. Cette négation de la perte, Freud l’appelle " le deuil pathologique". Le délire croît sur ce terreau, le deuil pathologique.
L’idéologie du système totalitaire donne une autre version de l’histoire. Dans cette version, on est un héros, et non une victime. L’idéologie du système totalitaire offre une autre proposition: "tu n’as pas vécu un traumatisme, tu n’as rien perdu, entre dans cette nouvelle histoire, tu en es le héros et je te promets monts et merveilles".
Le traumatisme est une épreuve d’impuissance. L’idéologie du délire paranoïaque du système totalitaire illusionne l’individu quant à la sortie de cette impuissance.
Deuxième angoisse, l’angoisse de mort. Le totalitarisme met en scène de façon régulière le danger de mort et se présente comme la seule solution envisageable pour ne pas mourir. Autrement dit, adoptons le délire totalitaire et nous survivrons. L’idéologie sauve la vie. Pour que le danger de mort exerce une pression suffisante sur le psychisme, il est utile que les individus aient déjà été fragilisés, qu’ils aient perdu des repères moraux et spirituels.
Troisième angoisse, l’angoisse de morcellement psychotique. L’intrusion totalitaire sur les corps met en scène ce découpage, ce démembrement. L’individu angoisse d’être décomposé, torturé, sacrifié, découpé de ses objets relationnels et de ses repères. Ce qui paraissait autrefois unifié se désunit et se disloque: le clan, la famille, les amis.
La dérive totalitaire répète les chocs traumatiques et impulse la terreur. Très peu d’individus résistent. En période totalitaire, les paranoïaques élaborent le programme de contrôle, les pervers tirent les ficelles dans l’ombre, les psychopathes accomplissent les basses oeuvres. C’est le bal des troubles narcissiques. En système totalitaire, d’une part, il y a alliance des profils pathologiques, pervers, paranoïaques et psychopathes. D’autre part, il y a la complicité de la population. Une population qui régresse massivement et à minima dans une névrose obsessionnelle.
Le fonctionnement en mode automatisé et robotisé rassure. Il suffit d’appliquer les protocoles à la lettre. Et le système totalitaire multiplie les propositions de rituels destinés à conjurer l’angoisse. En matière énergétique et sanitaire: " Je baisse, j’éteins, je décale, chaque geste compte pour économiser l’énergie dès maintenant et durablement "; " Les 5 gestes clés pour économiser l’énergie". Macron: " l’énergie qu’on sauve, c’est la moins chère".
Le slogan est à la parole une désincarnation de la pensée. Ces protocoles sont à l’action une désincarnation de la pensée. En temps totalitaire, des individus "normaux" deviennent capables d’atrocités, au nom du "Bien commun". N’importe qui peut basculer à la faveur des pressions harceleuses. Nous devons préserver notre santé mentale.
Dans le climat totalitaire, le délire paranoïaque fonctionne à la persécution, à la projection, et à l’interprétation. Avec la projection, la parole dominante est une propagande: les victimes de la terreur sont désignées comme coupables, les résistants à la soumission sont désignés comme des traîtres. L’interprétation ne repose sur aucun argument sensé, conduit à interpréter les faits et gestes de l’autre clan sous l’angle de la persécution.
Le délire paranoïaque opère donc comme un pansement sur les psychismes traumatisés et meurtris. Il soulage la douleur. Il se présente en " folie raisonnante ", il englue la pensée, il entraîne la pensée dans une croyance délirante partagée, sans plus s’embarrasser de la recherche de la vérité ni du rapport à l’expérience.
Le délire paranoïaque a plusieurs fonctions pour les psychismes:
évacuer tout sentiment de culpabilité, en le projetant sur des ennemis innocents à éliminer.
entraîner tout le monde dans un collage, un même corps social, une même pensée, une même émotion. Ce collage donne l’illusion de " faire corps " face au danger de mort.
conduire à des passages à l’acte qui servent d’exutoire à l’angoisse: tuer pour ne pas être tué, tuer pour "contrôler la mort".
Le monstre totalitaire fabrique un corps social vécu de façon littérale: si quelque chose dérange ou gêne, il n’est plus symbiotique, il n’y a plus de correspondance, de corrélation, et ce quelque chose doit être éliminé. Les opposants entrent dans la catégorie des ennemis à abattre: ceux qui dérangent, ceux qui ne sont pas dociles, ceux qui apportent une voix étrangère, celle des individus sacrifiés.
Le délire ne retrouvera jamais ce paradis perdu de la symbiose, qui s’offre comme l’horizon désiré et la suprême menace. Le pouvoir total, ou la domination totale, recherche le collage total. La moindre différenciation est à éliminer, radicalement.
Le délire est un pansement sur l’angoisse de la séparation et de la différenciation. Il apporte le liant qui soude le groupe. On recherche la suppression des états d’âme. Conséquence. On persécute les endroits qui valorisent les états d’âme, en particulier les arts et la littérature. On veut maîtriser l’être humain par la technologie, l’industrialisation. L’ordinateur parle d’une domination par des outils qui n’ont pas d’états d’âme, transforme l’être humain en machine.
Pour leur survie, les psychismes entrent dans le délire paranoïaque, c’est-à-dire une psychose collective. Le délire paranoïaque apporte la glu permettant de soutenir l’idéologie totalitaire et les passages à l’acte qu’elle commande.
Il y a des gens qui ne supportent pas que l’on critique le mondialisme, ses origines, ses moyens, ses buts, ses personnalités. Comme ils sont à court d’arguments et n’ont rien à répondre, ils lancent des qualificatifs injurieux, fasciste, raciste, extrême droite, complotiste, xénophobe, antisémite, transphobe … jusqu’à délire. Le délire permet de faire passer le gêneur pour un aliéné proche de la folie. Cela simplifie et même écarte, supprime toute discussion intelligente.
Le délire permet de projeter la culpabilité, la méchanceté, sur des ennemis innocents à éliminer.
Jean Saunier