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Opinions - Page 6

  • Reconquista : Covadonga, Las Navas, Grenade, trois étapes majeures

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    Pour gagner une guerre, quand on est en mauvaises posture, il faut d’abord stopper l’ennemi. Ensuite le faire reculer. Enfin l’anéantir.

    COVADONGA, LES MAURES NE SONT PAS INVINCIBLES !

    En l’an de grâce 722, la péninsule ibérique a été conquise en onze ans depuis le débarquement de Tariq Ibn Ziyad à Gibraltar. Les Arabes ont ensuite envahi le Sud-Ouest de la France (Poitiers 732). Mais une poche de résistance en travers de la route du Nord leur pose un problème à la fois stratégique et logistique. Ainsi en 721, coupés de leurs arrières, les mahométans se font étriller à Toulouse.

    Dans ce qui correspond à peu près aujourd’hui à la province des Asturies, des Wisigoths chassés d’Andalousie se sont réfugiés dans la cordillère cantabrique. Une forteresse naturelle facile à tenir contre un ennemi supérieur en nombre.

    Pélage, duc de Cantabrie, qui a temporisé pour ne pas payer la djizia aux mahométans de Gijón, s’efforce de lever une armée pour expulser les Sarrasins. Ses premiers alliés seront, en plus des Wisigoths, les Galiciens à l’Ouest et les Navarrais à l’Est. S’ensuit une série d’escarmouches et d’embuscades à partir de l’été 722 au terme desquelles le calife omeyyade, furieux, envoie une armée pour soumettre les Asturies.

    Les chrétiens, moins nombreux mais plus avisés que les mahométans, leur tendent un piège : Reculer en bon ordre, se cacher le jour, attaquer la nuit par petits groupes, et insidieusement attirer les ennemis dans une nasse. Cinq cols élevés jusqu’à une vallée encaissée où ils perdront leur mobilité. Et où on pourra les exterminer depuis les hauteurs. En faisant choir sur eux d’énormes rochers et glisser des pans de montagne. 300 Asturiens et alliés l’emportent contre 8.000 coraniques.

    L’armée des Maures est anéantie et ses généraux empalés. Dans la foulée, Gijón et des bourgades soumises se rebiffent et c’est la curée contre l’envahisseur qui, refoulé dans le Sud, ne reviendra plus. Avec cette belle victoire commence la Reconquista, qui s’achèvera en 1492.

    ACTE 2 : LAS NAVAS DE TOLOSA

    La bataille de Las Navas de Tolosa a lieu dans le Sud de la Castille le 16 juillet 1212. Les royaumes ibériques renforcés par des troupes provenant de toute l’Europe, vont affronter des armées musulmanes arrivant d’Al-Andalus, du Maghreb et du Machrek. Cinq siècles après Covadonga, les chrétiens ont libéré les ¾ de la péninsule, que les Maures sont décidés à reprendre.

    La confrontation sera décisive. Elle a été préparée depuis 1209 par Don Rodrigo Jiménez de Rada, archevêque de Tolède, qui a réussi à unifier les grands féodaux par le traité de Guadalajara. Obtenant du pape Innocent III les mêmes indulgences canoniques pour les croisés de la péninsule Ibérique que pour ceux de Terre Sainte.

    Les armées chrétiennes se mettent en ordre de bataille le 21 juin 1212 et font route vers le sud. Le 24 juin, elles atteignent la medina de Malagón. La garnison musulmane se réfugie dans la citadelle, abandonnant les remparts que les Espagnols escaladent. Pas de pitié pour les vaincus.

    Muhammad an-Nâsir le calife des Almohades a promis victoire et richesses à ses troupes. Les mahométans sont les plus nombreux. Mais il leur manque la petite lueur de génie qui anime leurs adversaires. Frappant vite et fort à l’improviste, concentrant leurs forces sur les points faibles, ils s’emparent de bastions réputés imprenables, puis incendient nuitamment les campements des Maures, qui deviennent des cibles faciles.

    L’armée se dirige ensuite vers Calatrava, importante cité qui commande l’accès vers l’Andalousie. Les mahométans se rendent à la condition que leur vie soit épargnée et qu’on les laisse repartir d’où ils viennent. Bon débarras ! Pour sa punition, le général qui était censé garder la ville, sera égorgé comme un mouton par le calife Muhammad an-Nâsir.

    Après la chute de Calatrava, les chrétiens s’emparent de plusieurs châteaux-forts, en route vers la Sierra Morena, ultime barrière naturelle qui les sépare du califat. Passant par des sentiers détournés où on ne les attend pas (toujours le bonus de l’intelligence sur la barbarie) les chevaliers chrétiens prennent position sur la mesa del rey, un plateau qui domine la vallée à 9 km au Nord du village de Las Navas de Tolosa.

    Le 13 juillet, ils aperçoivent au pied de la Sierra Morena, les Almohades qui font mouvement. Le 14 juillet, les forces chrétiennes consolident leurs positions et reçoivent des renforts. Les Navarrais guidés par des bergers jusqu’au col de la Losa observent les troupes ennemies, leurs armements, leurs mouvements et les opportunités qu’offre le terrain.

    À l’aube du 16 juillet, les chrétiens passent à l’attaque. L’assaut commence sous les flèches des Maures retranchés dans un fortin, tandis que la cavalerie légère des Berbères et des Almohades enveloppe les ailes des chrétiens. 30.000 mahométans fanatisés par le djihad contre 14.000 chrétiens. Mais les coraniques disposent mal leurs forces, la cavalerie et les fantassins se gênent, et les abids, des esclaves armés de javelots, utilisés en boucliers humains, détalent comme des lapins.

    Les rois Alphonse VIII de Castille et Alphonse II du Portugal, avec Don Rodrigo l’archevêque de Tolède en personne, prennent la tête d’une charge de cavalerie furieuse, qui enfonce irrésistiblement le centre des Maures. Pas de quartier. Ces amateurs de boucherie halal vont être servis ! Les têtes enturbannées voltigent comme des ballons de basket. Tandis que de leur côté, les rois d’Aragon et de Navarre, contournent et chargent à leur tour les arrières des troupes musulmanes.

    Les croisés pénètrent alors jusqu’au retranchement des archers adverses pour des corps à corps féroces. Les troupes mauresques, décontenancées, perdent rapidement pied, dans une grande panique, et fuient en désordre. Sans leurs babouches pour courir plus vite. Les forces chrétiennes se lancent à leur poursuite.

    La lâcheté de l’émir ben Yusuf, chef de guerre qui se dit descendant du prophète, accentue le désarroi des lascars (asker = soldat en arabe) qui seront éliminés au fur et à mesure qu’on les rattrape. Bilan : 2000 tués pour les nôtres, 25.000 chez les autres. Seuls les Israéliens ont fait mieux depuis.

    L’émirat de Grenade survivra jusqu’en 1492 après un accord de vassalité avec le royaume de Castille. Mais la soumission a changé de camp. Les autres taïfas sont reconquises à leur tour. Cordoue tombe en 1236, Séville en 1248, Faro en 1249, Cadix en 1261. À la fin du XIIIe siècle, l’émirat de Grenade occupe moins d’un dixième de la péninsule. Effets collatéraux de ces défaites : Les muftis se radicalisent, accusant les coraniques d’avoir été punis par Allah parce que trop tièdes en religion.

    ACTE III : LA PRISE DE GRENADE POUR EN FINIR (PROVISOIREMENT)

    En 1491, l’Émirat de Grenade est le reliquat de l’ancien royaume maure qui dominait toute la péninsule ibérique. Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille décident de mettre fin à cette présence intolérable en allant assiéger Grenade. Pendant plusieurs mois, les combats sont incertains.

    Le 2 janvier 1492, Ferdinand pense à lever le siège. Il y a beaucoup de blessés et d’estropiés dans le camp hispanique. Des hagiographies d’époque embellissent-elles l’histoire? La reine de Castille passe en revue ses troupes, encourage ses chevaliers toujours motivés à en découdre avec les Maures, et décide de diriger un assaut final.

    — Caballeros, dit-elle à ses soldats épuisés, vous vous êtes bien battus. Vous pouvez rentrer chez vous avec honneur. Mais avant, vous allez voir comment meurt une reine.

    En ce temps là, les Européens étaient de vrais guerriers. Capables de se battre jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Tandis que les attaquants valides en nombre réduit se mettent en formation, les malades, les moribonds, les manchots, les éclopés et même les unijambistes sur leurs béquilles empoignent leurs lances et leurs arcs. Montés sur des rossinantes, des chariots, ou se soutenant les uns les autres, ils forment une improbable cohorte pour défendre leur reine.

    C’est la stupeur chez les mahométans. Alors qu’ils avaient ouvert une porte pour contre-attaquer les croisés, ils sont repoussés et envahis par un pandémonium de soldats sanglants et enragés, menés par une femme qu’aucun projectile ne semble atteindre. Des démons venus de l’enfer. Et c’est la débandade. Le sultan Boaddil (Abou Abdallah) capitule.

    Ainsi s’achève la Reconquista. Pour les cinq siècles à venir. Car avant de rentrer au Maghreb, Boaddil avait jeté son épée à la mer, en promettant de revenir la chercher. Ses descendants ont tenu parole. Tout le boulot est à refaire.

     

    Christian Navis

    https://climatorealist.blogspot.com/

  • Des agences innombrables, d’intérêt très discutable et hors de prix.

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    Les agences administratives indépendantes, hautes autorités et organismes consultatifs ont largement proliféré, leur nombre exact est inconnu et leur coût augmente continuellement.

    En 2014, il s’élevait à 50 milliards d’euros. En 2019, leur nombre dépassait les 1300 pour un coût de plus de 80 milliards d’euros [3] et a continué à augmenter depuis les années 1996, sans jamais que leur utilité ne soit évaluée publiquement de manière transparente.

    Les salaires de leurs hauts responsables atteignent des sommes démesurées: présidente de la réunion des musées grand Palais : (Sylvie HUBLAC) 16.000 euros/mois, chargé de promouvoir l’internationalisation de l’économie française (Christophe LECOURTIER) 16.000 €/mois, président de l’ADEME : Arnaud LEROY 15.830 €/mois, président de l’Institut National de l’Audiovisuel : Laurent VALLET 15.400€ /mois, président de l’Agence de Rénovation Urbaine: Olivier KLEIN 14.290 €/mois, président de la commission de débat public: Chantal Jouanno 14.666 €/mois, vice-président du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET) 14.200 €/mois, président du domaine de Chambord : Augustin de Romanet 450.473 €/an en tant que PDG de ADP (Aéroports de Paris), président de l’Autorité de la concurrence:14.800 € nets, président du Centre scientifique et technique du bâtiment: 16.330 € brut, directeur général de l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA): 16.230 € bruts, président de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais: 16.000 € bruts, directeur général de Business France: 16.000€ brut…

    Le nouveau ministre sera-t-il capable de réaliser la promesse jadis faite par Manuel Valls [4] en réduisant fortement leurs effectifs et en diminuant leur personnel, leurs surfaces immobilières et leurs coûts de fonctionnement ? On pourrait ainsi économiser rapidement plus de quarante milliards d’euros sans nuire aux citoyens bien au contraire ! La situation financière du pays l’exige!

    DES AGENCES ET AUTORITÉS TROP DÉPENDANTES DE L’ÉTAT ET DE L’INDUSTRIE

    Les agences ont été créées pour être des experts indépendants, mais l’expérience des 3 dernières décennies dans le monde réel montre que ces "machin " les agences, les autorités et commissions Théodule créées n’ont d’indépendantes que le nom ! Elles dépendent étroitement du pouvoir politique et très souvent des acteurs ou des entreprises du secteur qu’elles sont censées contrôler.

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  • La culture subventionnée de gauche produit une inféodation au pouvoir

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    Novembre 2024. Christelle Morançais, présidente du Conseil régional des Pays-de-Loire, membre du parti Horizons dirigé par Edouard Philippe, annonce une possible diminution du budget du secteur culturel. On parle d’une baisse de l’ordre de 73 ou 75%.

    Sur France Info, Catherine Blondeau, directrice du théâtre Le Grand T de Nantes, dénonce le ton "agressif et un peu insultant" de la Présidente de région, et la "brutalité" de sa démarche.

    Elle se défend des accusations de culture de gauche subventionnée.

    Une pétition est mise en ligne, une tribune est publiée. Elles sont identiques: le modèle français" qui repose sur le financement croisé des collectivités et de l’Etat, a produit partout émancipation, désenclavement et partage des savoirs".

    Pour le chroniqueur de Marianne, Jérôme Leroy, "Non, la culture subventionnée n’est pas ontologiquement de gauche". Christelle Morançais représente une bonne vieille droite.

    Pourtant, au théâtre Le Grand T de Nantes, un festival intitulé "Etre un homme" a eu lieu cette année, ainsi présenté, écriture inclusive à l’appui: "Comment réinventer un masculin pluriel débarrassé de ses tendances toxiques au virilisme et à la domination? Qu’est-ce que les femmes ont à dire sur le sujet, et qu’en disent les hommes, qu’ils ou elles soient cisgenres, non-binaires ou trans, et quelle que soit leur orientation sexuelle? Comment réinvestir joyeusement les espaces de liberté ouverts par la critique du patriarcat"?

    Partout en France, à l’image de ce festival, nombre de spectacles dits culturels et artistiques relèvent du gauchisme et du wokisme, par exemple l’opéra urbain Le Gardien du Temple, La Porte des Ténèbres, au centre-ville de Toulouse, du 25 au 27 octobre 2024.

    Au total, en 2019, 17 milliards d’euros ont été investis dans le financement de la culture par plusieurs ministères:

    3,6 milliards provenaient du ministère de la Culture, 2,6 du ministère de l’Education nationale, 1,8 du ministère de l’Enseignement supérieur, le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères et le ministère de l’Intérieur.

    Les 8,7 milliards restants étaient apportés par les collectivités territoriales: villes, départements et régions, soutien privilégié de l’industrie culturelle en France.

    De plus en plus, l’attribution de subventions publiques devient un moyen de contrôle et d’application des valeurs sociétales et du wokisme en vogue. Pour faire une demande de subvention, il faut respecter un cahier des charges.

    Les projets subventionnés doivent nécessairement participer de la lutte contre les discriminations, contre les abus sexuels, se développer autour de multiples thématiques, la théorie du genre, le transsexualisme, l’écologie, le numérique, le transhumanisme, la sensibilisation des publics "racisés"…

    Le ministère de la Culture conditionne explicitement le versement des subventions à ces orientations, c’est-à-dire à une allégeance au mondialisme.

    Un nouveau terme enrichit le langage de la culture institutionnelle: la conditionnalité, conditionnalité des subventions. Les bénéficiaires de financements publics doivent se conformer à des exigences et des critères pour obtenir ces subventions, les maintenir ou les renouveler.

    L’instrumentalisation de la culture à des fins politiques n’est pas nouvelle. Elle est même au fondement des aides à la création et des politiques culturelles. Depuis l’Antiquité, l’artiste est au service du pouvoir, avec de grandes réussites.

    Ainsi, le siècle de Périclès fut le siècle de la grandeur d’Athènes. Périclès (495-429 avant Jésus-Christ), fit consacrer des sommes importantes à l’embellissement de la ville. Il donna d’abord du travail aux gens pauvres, puis provoqua un essor merveilleux des arts, et dota son pays de monuments dont les ruines excitent l’admiration universelle.

    Sous l’impulsion de Périclès, on vit surgir de terre toute une ville neuve de temples et de monuments. Au pied de l’Acropole, le théâtre de l’Odéon, le théâtre de Dionysos, le temple de Thésée, le portique du Poecile.

    La splendeur artistique et littéraire d’Athènes se résume dans l’énumération des grands noms qui illustrent le siècle de Périclès. Les poètes tragiques Eschyle, Sophocle et Euripide. Le poète comique Aristophane. Les historiens Hérodote, Thucydide et Xénophon. L’architecte Ictinus bâtit le Parthénon. Phidias sculpte l’Athéné et le Zeus d’Olympie. Miron sculpte le Discobole. Praxitèle sculpte l’Hermès. Une foule de philosophes attirent autour d’eux les disciples, et parmi eux Socrate. Périclès pouvait dire qu’Athènes était "l’école de la Grèce.

    Aux XIe et XIIe siècles, une véritable fièvre de construction secoue l’Occident. La naissance et le développement de l’art roman correspondent à l’élargissement et à l’intensification de la vie religieuse populaire, sous l’influence des ordres religieux, et notamment de l’ordre de Cluny.

    L’originalité essentielle de l’art roman est l’emploi de la voûte. Le poids de celle-ci s’exerce principalement sur les murs fortifiés par des colonnes et des contreforts. A l’intérieur, l’église romane est sombre; à l’extérieur, elle donne une impression d’équilibre et d’harmonie. La décoration romane, fresques et sculptures, a pour but d’instruire et d’émouvoir le peuple fidèle.

    Au moment où s’achevaient les chefs d’œuvre de l’art roman, une nouvelle école d’architectes et de sculpteurs se met à l’œuvre. De ses recherches, à partir de 1140, s’impose un style nouveau, un art qualifié de "gothique", c’est-à-dire barbare. En fait, l’art du XIIIe siècle est une des plus magnifiques créations de l’esprit humain.

    L’art gothique est un art urbain. Son éclosion correspond à l’évolution du sentiment religieux vers la tendresse et l’amour, et à un changement de goût.

    Le point de départ de l’art gothique est la solution nouvelle donnée au problème de la voûte par la croisée d’ogives. Dans la cathédrale gothique, l’arc brisé remplace l’arc roman en plein cintre. Les croisées d’ogives sont soutenues à l’extérieur par des arcs-boutants. L’élan en hauteur caractérise ce nouvel art.

    Les caractères particuliers de la sculpture gothique sont l’abondance, le naturalisme et le souci d’enseigner: la cathédrale est un "Miroir du Monde".

    Louis XIV conquiert sa gloire sur les champs de bataille. Mais sa vanité se préoccupe de consacrer cette gloire par les lettres et les arts. Sous son règne, la France joint au prestige politique et militaire le prestige d’une civilisation sans égale. Tout doit graviter autour du Roi-Soleil, les écrivains et les artistes. La vie intellectuelle est centralisée, régularisée, disciplinée. L’ordre, la règle, la discipline intellectuelle sont assurées par le moyen des Académies.

    Le règne de Louis XIV est marqué par l’éclosion de chefs d’oeuvre. Les années 1660-1685 sont un feu d’article de la littérature classique, les années de la construction de Versailles.

    Louis XIV n’a pas inspiré les grandes œuvres littéraires, mais il a une réputation de protecteur éclairé des lettres et des sciences. Il met la littérature et les arts au service de la glorification de son règne. Il exerce une action de mécénat fondamentale.

    Architectes, peintres et sculpteurs reçoivent d’importantes commandes à Paris ou à Versailles.

    Mais le classicisme est beaucoup plus qu’une propagande monarchique. Il répond profondément aux structures sociales de l’époque et à l’influence croissante de la bourgeoisie.

    Le classicisme est plus largement un idéal de vie, fait de mesure, de raison, de maîtrise de soi.

    Dans le domaine artistique, la splendeur du Grand Siècle se manifeste surtout par la construction et la décoration des palais royaux.

    Que de noms en quelques années: Corneille, Racine, Boileau, La Fontaine, Molière, La Bruyère, Bossuet, Fénelon, écrivains, Claude Perrault, Bruant, Le Vau, Hardouin-Mansart, architectes, Le Brun peintre, Le Nôtre jardinier…

    "Il y a toujours eu un art officiel. Louis XIV faisait de l’art officiel". Mais si le roi avait ses artistes, il leur laissait une certaine liberté. Et il y avait d’autres mécènes, le clergé, les ordres religieux, les princes.

    L’instrumentalisation politique traditionnelle de la culture est incarnée par André Malraux (1901-1976). Ministre sous De Gaulle, il voyait la culture comme un outil républicain de cohésion nationale. La culture, les grandes œuvres de l’humanité, notamment les oeuvres françaises, doivent servir de repère aux Français: le patrimoine, les hauts lieux de la culture, les grands musées, les artistes du " génie français", les littérateurs, les poètes, les philosophes, les musiciens, les peintres. On attend des résultats extra-artistiques, en termes d’enrichissement personnel. L’image de l’artiste est celle d’un personnage charismatique, fascinant, libre, inspiré et affranchi de certaines règles sociales, à même d’interroger le monde par ses œuvres.

    Jusque-là, l’art remplissait plusieurs fonctions. Fonctions sociales, religieuses, miroir de la foi, fonctions morales, code esthétique et social, éducation esthétique de l’homme, fonctions affectives, fonctions politiques, dénonciation des tyrannies, des injustices, appel à la liberté. Fonction philosophique, apprendre à vivre, à comprendre le monde, l’artiste exorcise, chasse ses rêves, ses angoisses, et accède à la sagesse, avec une finalité, l’harmonie. Et fonction historique, documents sur une époque, renseignements sur la vie quotidienne, sur l’histoire, sur les idéologies. En somme, l’art n’est que l’expression de la pensée et de la civilisation.

    Malraux sape les bases d’une véritable éducation à l’art en prônant une relation plus intuitive qu’instruite aux œuvres. Mais il reste accessible à l’expérience de la hauteur et de la grandeur. Il peut encore distinguer entre ce qui relève de l’art et ce qui n’en relève pas.

    Après 1981, et l’arrivée de la gauche au pouvoir, cette conception de la culture est complétement décrédibilisée, discréditée, déconsidérée, et vole en éclats. On passe à une attente en termes de "valeurs" véhiculées par les projets culturels et les formes artistiques, valeurs idéologiques mondialistes et sataniques.

    Désormais, la conditionnalité intervient directement sur le contenu des formes esthétiques, et met en avant un rôle " moral " dévolu à l’art. Les œuvres défendent et répandent les " valeurs " jugées dignes par les commanditaires-financeurs, milliardaires ou politiciens.

    La liberté d’expression et de création s’efface devant l’idéologie gauchiste dominante. La puissance publique oriente un moralisme artistique. L’" artiste", grassement rétribué, lui-même conditionné et formaté, au service du pouvoir, soumis à l’idéologie dominante, ne doit pas faire de vagues. Il produit des formes " artistiques " conformes, normalisées et pacifiées.

    La production culturelle est structurée selon des normes homogénéisantes et uniformisantes. Les commanditaires, tous formés par des universitaires déjà acquis à cet art conforme et standardisé, ont la même harmonisation sociale. Conséquence. Les artistes perdent toute capacité à explorer des univers variés et critiques. Plus d’analyse. Plus de critique. Plus de contestation. Les logiques de financement et les " valeurs " des milieux sociaux conduisent à l’entre-soi culturel. Un entre-soi méprisant, sélectif, ségrégatif et discriminant.

    Avec Jack Lang ministre de la Culture, on renonce à nous transmettre l’héritage civilisationnel, on nous déshérite, on nous encapsule dans notre prétendue culture. Jack Lang promeut toutes les pratiques de la jeunesse et les estampille culture. Avec une prime à la jeunesse des banlieues. Graffitis, rap, bandes dessinées, se voient élevées au rang d’œuvres d’art.

    François Mitterrand résume l’esprit du "jacklanguisme": le relativisme culturel. Dans une Lettre à tous les Français, rédigée en avril 1988, il fait le bilan des réalisations accomplies dans le domaine de la culture au cours du septennat, il s’enorgueillit d’avoir créé le Festival de la bande dessinée d’Angoulême et conclut: "Tout est culture, en fin de compte, Jack Lang avait raison".

    Non Jack Lang n’avait pas raison. Tout n’est pas culture. Tout ne participe pas de la cultura animi, culture de l’âme, culture de l’esprit. Tout ne travaille pas à la formation de l’esprit, à l’élargissement de la pensée. Tout ne consolide pas le vocabulaire de l’intelligence et de la sensibilité. La confusion est élevée en doctrine d’Etat. Et cela est volontaire, calculé, concerté et arrangé: le peuple ne doit pas accéder à la connaissance et à la culture.

    Comment cet art, qui n’est pas populaire, peut-il survivre? Comment vivent ces "artistes", pour la plupart inconnus, puisque personne ne les aime? Ils vivent grâce à l’Etat.

    Car pour faire passer un bidet, une brosse à dents, ou tout autre objet pour une œuvre d’art, il faut un musée, le musée Beaubourg par exemple, il faut une institution, il faut une commande officielle. Sinon, personne ne marchera. L’artiste n’a plus de salut que dans l’appartenance à cet art officiel. Le milieu institutionnel de l’art contemporain est un véritable monde organisé qui n’a besoin de personne, sauf de notre argent.

    La collection de François Pinault, la collection Cartier, nous trouvons les mêmes artistes que ceux de l’Etat. Aujourd’hui, il y a une sorte d’homogénéisation complète en matière de "goût". Cette normalisation est commandée, commanditée par des expositions.

    Christine Sourgins, historienne de l’art, explique: "La République a inventé un absolutisme artistique". Et cet absolutisme n’a jamais atteint un tel niveau d’omnipotence, de tyrannie.

    On n’a plus le droit de dire qu’une chose est belle, de dire que c’est beau. Il faut le prouver.

    On ne dit plus que c’est beau parce qu’on a peur de ne pas être capable de la prouver. On dit: "C’est intéressant, ça fonctionne bien, c’est amusant". On est complétement déformé par une sorte de cartésianisme de l’art et de la pensée. Au XVIIe siècle, Pascal avait souligné la dualité entre l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse. L’esprit de géométrie est en train de tout emporter.

    Si, Monsieur Jérôme Leroy, la culture subventionnée est ontologiquement de gauche. Madame Catherine Blondeau, cette culture ne produit aucune émancipation, mais une aliénation, une subordination, un asservissement, aucun désenclavement, mais un encastrement, un confinement, un emprisonnement dans une idéologie mortifère, aucun partage des savoirs, mais un naufrage dans l’inculture et l’ignorance. Madame Christelle Morançais a raison sur ce point: il faut réduire drastiquement les subventions à la culture contemporaine, sinon les supprimer complètement.

    Car où sont les œuvres dignes de ce nom? Où sont les artistes dignes de cette appellation?

    Le siècle de Périclès? Le temps des cathédrales? L’époque du classicisme? Nous avons "l’art contemporain".

    Jean Saunier