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Opinions - Page 5

  • La crèche, citadelle pour notre civilisation

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    Un récent guide inclusif, promu par la commissaire à l'Égalité de l'Union européenne, déconseillait de faire référence à Noël… Alors que l'âme de la civilisation occidentale se trouve menacée, il est urgent, à rebours de la haine des racines chrétiennes qui ont fait l'Europe, de redécouvrir le mystère de la nativité du Christ.

    Par Père Danziec

    Jésus, Marie, Joseph. L’image, par excellence, du foyer ardent et uni. Cette sainte famille – rejetée de tous, méprisée par la bien-pensance, pointée du doigt par les conformistes et réduite à l’isolement à l’extérieur de Bethléem – se trouve en mesure, une fois encore en ce Noël 2021, de réchauffer les cœurs abattus et de réconforter les âmes qui désespèrent. Telle a toujours été l’inattendue pédagogie de Dieu : laisser la liberté aux hommes de tomber bas, très bas même, jusqu’à ce qu’ils s’avilissent et fassent le mal, pour finalement confondre les superbes et les puissants par la médiation des petits et des sans-grades. Goliath vaincu par David. Le roi Hérode déconfit par le Divin Messie. Les hordes anglaises stoppées par une jeune fille en armure. Les lubies soixante-huitardes pleines de condescendance rattrapées par la patrouille de la réalité au point de ne plus faire florès.

     

    Tant qu’il y aura des personnes pour s’agenouiller dans la crèche, prier le petit Jésus et puiser dans la mangeoire des forces pour mener un combat à la fois spirituel et culturel, la chrétienté et la France n’auront pas dit leur dernier mot.

    À l’heure où notre socle civilisationnel craque de toutes parts, la célébration de la naissance du Christ fourbit des armes de lumière. La crèche représente une citadelle d’espérance pour notre civilisation en danger. En son sein réside une chaleur communicative propre à allumer les contre-feux nécessaires face à la décadence. Du coup d’État démographique aux réductions dramatiques de nos libertés, de la destruction de la famille à l’effondrement de l’école, de la remise en cause de nos traditions au “wokisme” qui cherche à revisiter nos coutumes, oui, nos permanences ont fait leur lit dans la paille de Bethléem. Revenir à la source n’est pas seulement une œuvre de piété, elle est une condition de notre continuité.

     

    Qui, pourtant, il y a plus de deux mille ans, aurait parié sur cette pauvre étable misérable, ouverte aux quatre vents ? Dans cette crèche, c’est la fidélité qui domine et la confiance qui maintient. La transcendance, les miracles, les vertus. L’union de tous, des CSP+ et des classes populaires, la farandole des mages et des bergers, qui savent que quelque chose de plus grand qu’eux domine leur existence : Jésus-Christ, le Sauveur tant attendu. Celui qui nous sauve de nos ennemis et nous préserve des faux frères. Celui qui nous garde des dangers ou nous donne l’énergie pour les surmonter. Celui qui a vaincu la mort et qui nous rejoint dans nos pauvretés. Jésus, celui qui n’usait pas de cette maudite langue de buis qui étouffe l’authenticité de la foi et aseptise le message de l’Évangile.

    Les progressistes de tout poil, aux périphéries du monde comme dans l’intérieur même de l’Église, voudraient nous voler notre joie. Noël ne serait pas assez inclusif. Le sapin avec ses guirlandes ? Un terrible danger pour l’avenir de la planète. Le foie gras ? Un crime contre la bienveillance animale. La crèche dans nos mairies ou nos magasins ? Une insulte à l’endroit de ceux qui ne croient pas. Les liturgies latines et grégoriennes, la messe traditionnelle de saint Pie V ? Un affreux retour en arrière. Pourtant Noël, c’est tout cela et bien plus encore. L’allégresse du 25 décembre se décline aussi dans le chant de l’ Adeste fideles ou celui des Anges dans nos campagnes . La messe de minuit à minuit pile et la procession à la crèche. Le bonheur qui contamine la nef lorsque le prêtre dépose l’Enfant Jésus dans la mangeoire. La compassion pour les jeunes enfants de chœur qui s’endorment sur leurs bancs. L’éclairage du sanctuaire à la bougie. Le chocolat chaud partagé sur le parvis. Les “Joyeux Noël !” distribués comme autant de tendresses dont tout le monde est assoiffé.

    Noël nous invite, tous et chacun, à revisiter nos racines et à chanter la gloire de ce Jésus qui a mis le feu aux poudres de notre Rédemption. L’étoile des bergers a véritablement inauguré un monde nouveau. Un écosystème qui nous rappelle qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir, que la noblesse vaut mieux que la jouissance et que seul le pardon est capable de transfigurer nos désirs de vengeance. Un cadre évangélique enseignant que les choses ne valent que ce qu’elles coûtent, affirmant que si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu, et soulignant que Jésus, dès sa naissance, a mis sa peau au bout de son exemple.

    Noël, dans ses scintillements et ses recueillements, fait prendre conscience, à ceux qui savent encore s’émerveiller, que le Divin Enfant a marqué le début d’une civilisation formidable et indépassable. Faite de héros et de saints. De courage et d’abnégation. De sacrifices et de prières. Une civilisation menacée qui reste à défendre, envers et contre tout. Pour nous-mêmes et notre avenir. Et, surtout, celui de nos enfants.

    * Le père Danziec est prêtre et chroniqueur sur le Club VA.

  • Le Parlement européen: une institution problématique

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    Le Parlement européen a voté en faveur de la nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen, après de nombreux marchandages. Pamis ceux-ci, la colère des factions de gauche face au fait que la faction la plus importante, le Parti populaire européen (PPE), avait collaboré avec des partis de droite.

    Bien entendu, il n’a jamais été question pour Mme von der Leyen d’échouer. Les chefs politiques des députés européens dans les capitales ont obtenu un accord, de sorte qu’une grande partie des discussions sur le torpillage de la "VDL" par les députés européens relevait du théâtre politique. Cette affaire prouve une fois de plus que le Parlement européen est une institution profondément imparfaite, et c’est un euphémisme.

    PAS UN CHIEN DE GARDE

    Conçu à l’origine comme une institution chargée de contrôler la machine de la Commission européenne, force est de constater que le Parlement européen, bien qu’élu au suffrage universel direct, n’a pas réussi à devenir une assemblée efficace au cours des quatre dernières décennies. Le principal pouvoir des députés européens est de refuser la décharge pour les dépenses de l’UE.

    Chaque année, l’organe d’audit de l’UE, la "Cour des comptes européenne" (CCE), publie un rapport très critique sur les dépenses de l’UE. En octobre, la Cour a dénoncé des erreurs "significatives et généralisées" dans le budget de 240 milliards d’euros de l’UE pour 2023. Malgré cela, le Parlement européen n’a pas refusé une seule fois d’approuver le budget de l’UE. La moindre des choses serait que les députés refusent d’approuver les dépenses de l’UE jusqu’à ce que le propre auditeur de l’UE déclare qu’elles sont "exemptes d’erreurs matérielles". Au lieu de cela, les députés européens exigent toujours plus de dépenses de la part de l’UE.

    Le Parlement européen s’oppose même à des propositions très modestes visant à améliorer le contrôle budgétaire de la manière dont les ressources de l’UE sont dépensées. Par exemple, au cours de la précédente législature, une majorité de députés a rejeté la proposition d’examiner les dépenses de l’UE l’année suivant l’utilisation des fonds de l’UE et non deux ans après, afin de renforcer le contrôle.

    De même, en matière de réglementation, les députés européens ne sont pas vraiment un facteur permettant de freiner l’excès de réglementation. Au cours de la précédente législature, une majorité d’entre eux a voté avec enthousiasme en faveur de la " loi sur les services numériques " qui étouffe la liberté d’expression, rend le logement encore plus cher en imposant la rénovation des bâtiments, étend la taxe climatique du système européen d’échange de quotas d’émission et impose davantage de bureaucratie aux entreprises en matière de "diligence raisonnable".

    En outre, ils ont également voté en faveur de la lourde "loi sur la restauration de la nature" et de l’interdiction de facto du moteur à combustion à partir de 2035. Cette mesure est l’une des raisons de la crise actuelle de l’industrie automobile européenne.

    Pour les députés européens, les réglementations ne sont jamais assez sévères et le niveau politique de l’UE n’acquiert jamais assez de pouvoir. Les députés européens ont parfaitement le droit d’avoir de telles opinions, mais cela signifie clairement qu’on ne peut pas leur faire confiance pour agir en tant que chien de garde afin de garder la très puissante Commission européenne sous contrôle.

    LE QATARGATE

    Le Parlement européen est régulièrement frappé par des scandales, qu’il s’agisse de détournements relativement insignifiants de l’argent des contribuables ou de scandales de corruption à grande échelle. Dans le premier cas, les députés européens refusent jusqu’à ce jour de rendre obligatoire la divulgation de l’usage qu’ils font de leur "allocation de dépenses" mensuelle de près de 5 000 euros qu’ils perçoivent en plus de leur salaire. Mais le fait qu’il n’y ait pas divulgation de l’usage ne veut pas dire qu’il y ait détournement.

    L’un des récents scandales de corruption qui ont ébranlé l’institution est bien sûr le "Qatargate", qui a éclaté en 2022. Des fonctionnaires du Parlement européen, des lobbyistes et leurs familles auraient été influencés par les gouvernements du Qatar et d’autres pays non européens, impliqués dans la corruption, le blanchiment d’argent et le crime organisé.

    L’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili a fait l’objet de la plus grande attention, mais les médias belges ont affirmé que l’eurodéputée socialiste belge Marie Arena était en réalité l’acteur principal de ce scandale. L’enquête est toujours en cours.

    Par ailleurs, un autre scandale impliquant le Qatar fait actuellement l’objet d’une enquête du Parquet européen. Selon les allégations, Henrik Hololei, un haut fonctionnaire estonien de la Commission européenne, se serait laissé aller à des voyages aériens longue distance payés par le Qatar au moment même où la direction de l’Union européenne qu’il dirigeait négociait avec l’État du Golfe riche en pétrole.

    Le Qatar a d’importants intérêts financiers dans l’UE. Récemment encore, il est apparu que le groupe énergétique public russe Lukoil envisageait de vendre sa raffinerie en Bulgarie à un consortium qatari-britannique, Oryx Global. L’un des propriétaires de ce consortium est l’homme d’affaires qatari Ghanim Bin Saad Al Saad, qui a été cité dans l’enquête sur la décision d’attribuer la Coupe du monde 2022 au Qatar.

    Le journal français Le Monde a noté à ce sujet que "les procureurs brésilien et américain ont décortiqué les relevés bancaires de l’ancien patron de la Fédération brésilienne de football (CBF), Ricardo Teixeira" par lequel "ils ont remarqué qu’un versement de 22 millions de dollars [a été effectué par] le groupe qatari Ghanim Bin Saad Al-Saad & Sons Group (CSSG)".

    Jean Quatremer, correspondant de longue date pour l’Union européenne du quotidien français de gauche Libération, a joué un rôle clé dans la mise en lumière du dernier scandale impliquant le Qatar.

    Il a déclaré à ce sujet "Ni la Commission européenne ni le Parlement européen ne veulent discuter publiquement de ces questions. (…) De ce point de vue, Bruxelles ressemble beaucoup au Kremlin: tout est fermé, l’information n’est pas divulguée. Lorsque j’ai lu le rapport, j’ai été complétement abasourdi".

    Tout cela n’inspire pas vraiment confiance dans les institutions de l’UE, ni dans le Parlement européen, censé contrôler la machine politique de l’UE.

    Pieter Cleppe

  • Reconquista : Covadonga, Las Navas, Grenade, trois étapes majeures

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    Pour gagner une guerre, quand on est en mauvaises posture, il faut d’abord stopper l’ennemi. Ensuite le faire reculer. Enfin l’anéantir.

    COVADONGA, LES MAURES NE SONT PAS INVINCIBLES !

    En l’an de grâce 722, la péninsule ibérique a été conquise en onze ans depuis le débarquement de Tariq Ibn Ziyad à Gibraltar. Les Arabes ont ensuite envahi le Sud-Ouest de la France (Poitiers 732). Mais une poche de résistance en travers de la route du Nord leur pose un problème à la fois stratégique et logistique. Ainsi en 721, coupés de leurs arrières, les mahométans se font étriller à Toulouse.

    Dans ce qui correspond à peu près aujourd’hui à la province des Asturies, des Wisigoths chassés d’Andalousie se sont réfugiés dans la cordillère cantabrique. Une forteresse naturelle facile à tenir contre un ennemi supérieur en nombre.

    Pélage, duc de Cantabrie, qui a temporisé pour ne pas payer la djizia aux mahométans de Gijón, s’efforce de lever une armée pour expulser les Sarrasins. Ses premiers alliés seront, en plus des Wisigoths, les Galiciens à l’Ouest et les Navarrais à l’Est. S’ensuit une série d’escarmouches et d’embuscades à partir de l’été 722 au terme desquelles le calife omeyyade, furieux, envoie une armée pour soumettre les Asturies.

    Les chrétiens, moins nombreux mais plus avisés que les mahométans, leur tendent un piège : Reculer en bon ordre, se cacher le jour, attaquer la nuit par petits groupes, et insidieusement attirer les ennemis dans une nasse. Cinq cols élevés jusqu’à une vallée encaissée où ils perdront leur mobilité. Et où on pourra les exterminer depuis les hauteurs. En faisant choir sur eux d’énormes rochers et glisser des pans de montagne. 300 Asturiens et alliés l’emportent contre 8.000 coraniques.

    L’armée des Maures est anéantie et ses généraux empalés. Dans la foulée, Gijón et des bourgades soumises se rebiffent et c’est la curée contre l’envahisseur qui, refoulé dans le Sud, ne reviendra plus. Avec cette belle victoire commence la Reconquista, qui s’achèvera en 1492.

    ACTE 2 : LAS NAVAS DE TOLOSA

    La bataille de Las Navas de Tolosa a lieu dans le Sud de la Castille le 16 juillet 1212. Les royaumes ibériques renforcés par des troupes provenant de toute l’Europe, vont affronter des armées musulmanes arrivant d’Al-Andalus, du Maghreb et du Machrek. Cinq siècles après Covadonga, les chrétiens ont libéré les ¾ de la péninsule, que les Maures sont décidés à reprendre.

    La confrontation sera décisive. Elle a été préparée depuis 1209 par Don Rodrigo Jiménez de Rada, archevêque de Tolède, qui a réussi à unifier les grands féodaux par le traité de Guadalajara. Obtenant du pape Innocent III les mêmes indulgences canoniques pour les croisés de la péninsule Ibérique que pour ceux de Terre Sainte.

    Les armées chrétiennes se mettent en ordre de bataille le 21 juin 1212 et font route vers le sud. Le 24 juin, elles atteignent la medina de Malagón. La garnison musulmane se réfugie dans la citadelle, abandonnant les remparts que les Espagnols escaladent. Pas de pitié pour les vaincus.

    Muhammad an-Nâsir le calife des Almohades a promis victoire et richesses à ses troupes. Les mahométans sont les plus nombreux. Mais il leur manque la petite lueur de génie qui anime leurs adversaires. Frappant vite et fort à l’improviste, concentrant leurs forces sur les points faibles, ils s’emparent de bastions réputés imprenables, puis incendient nuitamment les campements des Maures, qui deviennent des cibles faciles.

    L’armée se dirige ensuite vers Calatrava, importante cité qui commande l’accès vers l’Andalousie. Les mahométans se rendent à la condition que leur vie soit épargnée et qu’on les laisse repartir d’où ils viennent. Bon débarras ! Pour sa punition, le général qui était censé garder la ville, sera égorgé comme un mouton par le calife Muhammad an-Nâsir.

    Après la chute de Calatrava, les chrétiens s’emparent de plusieurs châteaux-forts, en route vers la Sierra Morena, ultime barrière naturelle qui les sépare du califat. Passant par des sentiers détournés où on ne les attend pas (toujours le bonus de l’intelligence sur la barbarie) les chevaliers chrétiens prennent position sur la mesa del rey, un plateau qui domine la vallée à 9 km au Nord du village de Las Navas de Tolosa.

    Le 13 juillet, ils aperçoivent au pied de la Sierra Morena, les Almohades qui font mouvement. Le 14 juillet, les forces chrétiennes consolident leurs positions et reçoivent des renforts. Les Navarrais guidés par des bergers jusqu’au col de la Losa observent les troupes ennemies, leurs armements, leurs mouvements et les opportunités qu’offre le terrain.

    À l’aube du 16 juillet, les chrétiens passent à l’attaque. L’assaut commence sous les flèches des Maures retranchés dans un fortin, tandis que la cavalerie légère des Berbères et des Almohades enveloppe les ailes des chrétiens. 30.000 mahométans fanatisés par le djihad contre 14.000 chrétiens. Mais les coraniques disposent mal leurs forces, la cavalerie et les fantassins se gênent, et les abids, des esclaves armés de javelots, utilisés en boucliers humains, détalent comme des lapins.

    Les rois Alphonse VIII de Castille et Alphonse II du Portugal, avec Don Rodrigo l’archevêque de Tolède en personne, prennent la tête d’une charge de cavalerie furieuse, qui enfonce irrésistiblement le centre des Maures. Pas de quartier. Ces amateurs de boucherie halal vont être servis ! Les têtes enturbannées voltigent comme des ballons de basket. Tandis que de leur côté, les rois d’Aragon et de Navarre, contournent et chargent à leur tour les arrières des troupes musulmanes.

    Les croisés pénètrent alors jusqu’au retranchement des archers adverses pour des corps à corps féroces. Les troupes mauresques, décontenancées, perdent rapidement pied, dans une grande panique, et fuient en désordre. Sans leurs babouches pour courir plus vite. Les forces chrétiennes se lancent à leur poursuite.

    La lâcheté de l’émir ben Yusuf, chef de guerre qui se dit descendant du prophète, accentue le désarroi des lascars (asker = soldat en arabe) qui seront éliminés au fur et à mesure qu’on les rattrape. Bilan : 2000 tués pour les nôtres, 25.000 chez les autres. Seuls les Israéliens ont fait mieux depuis.

    L’émirat de Grenade survivra jusqu’en 1492 après un accord de vassalité avec le royaume de Castille. Mais la soumission a changé de camp. Les autres taïfas sont reconquises à leur tour. Cordoue tombe en 1236, Séville en 1248, Faro en 1249, Cadix en 1261. À la fin du XIIIe siècle, l’émirat de Grenade occupe moins d’un dixième de la péninsule. Effets collatéraux de ces défaites : Les muftis se radicalisent, accusant les coraniques d’avoir été punis par Allah parce que trop tièdes en religion.

    ACTE III : LA PRISE DE GRENADE POUR EN FINIR (PROVISOIREMENT)

    En 1491, l’Émirat de Grenade est le reliquat de l’ancien royaume maure qui dominait toute la péninsule ibérique. Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille décident de mettre fin à cette présence intolérable en allant assiéger Grenade. Pendant plusieurs mois, les combats sont incertains.

    Le 2 janvier 1492, Ferdinand pense à lever le siège. Il y a beaucoup de blessés et d’estropiés dans le camp hispanique. Des hagiographies d’époque embellissent-elles l’histoire? La reine de Castille passe en revue ses troupes, encourage ses chevaliers toujours motivés à en découdre avec les Maures, et décide de diriger un assaut final.

    — Caballeros, dit-elle à ses soldats épuisés, vous vous êtes bien battus. Vous pouvez rentrer chez vous avec honneur. Mais avant, vous allez voir comment meurt une reine.

    En ce temps là, les Européens étaient de vrais guerriers. Capables de se battre jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Tandis que les attaquants valides en nombre réduit se mettent en formation, les malades, les moribonds, les manchots, les éclopés et même les unijambistes sur leurs béquilles empoignent leurs lances et leurs arcs. Montés sur des rossinantes, des chariots, ou se soutenant les uns les autres, ils forment une improbable cohorte pour défendre leur reine.

    C’est la stupeur chez les mahométans. Alors qu’ils avaient ouvert une porte pour contre-attaquer les croisés, ils sont repoussés et envahis par un pandémonium de soldats sanglants et enragés, menés par une femme qu’aucun projectile ne semble atteindre. Des démons venus de l’enfer. Et c’est la débandade. Le sultan Boaddil (Abou Abdallah) capitule.

    Ainsi s’achève la Reconquista. Pour les cinq siècles à venir. Car avant de rentrer au Maghreb, Boaddil avait jeté son épée à la mer, en promettant de revenir la chercher. Ses descendants ont tenu parole. Tout le boulot est à refaire.

     

    Christian Navis

    https://climatorealist.blogspot.com/