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Histoire - Page 28

  • Comme lui, moi aussi je pense que…

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    Depuis mon enfance, le monde a terriblement changé. Dans certains cas, il a fait d’énormes progrès; des innovations qui ont bien amélioré la vie des gens. Contrairement aux tristounets écolos, j’apprécie d’avoir une automobile, gage de liberté; un réfrigérateur pour boire frais; un chauffage central pour éviter de me geler les parties les plus intimes durant les frimas de l’hiver…

    Ma génération, c’est celle des soixante-huitards. Je ne parlerai pas, ici, de l’héritage de mai 68, tant il est calamiteux! J’avais 18 ans en mai 68 et j’étais déjà opposé à ses révolutionnaires d’opérette. Mai 1968, c’est une colère d’enfants gâtés, de gosses de bourgeois, à une époque où 20% des jeunes accédaient aux études supérieures. Cette chienlit, comme disait De Gaulle, n’a concerné qu’une infime partie de la population, mais ses conséquences ont été désastreuses pour tout le pays.

    Beaucoup d’anciens soixante-huitards sont devenus les bobos de la " gauche-caviar "; ceux-là sont sans doute (financièrement entre autres) des privilégiés; mais pas les autres, tant s’en faut!

    Le chômage a explosé, en France, à partir du milieu des années 1970, lors du premier choc pétrolier qui a bouleversé notre économie. De Gaulle a bradé, au début des années 60, tout notre Empire colonial. Nous avons abandonné notre autosuffisance énergétique en perdant les gisements – de gaz et de pétrole – sahariens. Cela s’est traduit par un ralentissement conjoint de la productivité ET de la croissance.

    Nous étions à la fin des "trente glorieuses", nous entrions dans les "quarante piteuses" (lesquelles sont devenues calamiteuses, et ce n’est pas fini, hélas!). C’est à partir de cette époque que le chômage "structurel" s’est installé durablement chez nous. Georges Pompidou, qui avait la sagesse des terriens, craignait un soulèvement populaire si le chômage venait à dépasser les 300 000 personnes. Nous le vîmes monter à 2, 3, puis 4 millions. On ne saurait le dire avec précision tant les chiffres du chômage, tels les dés de tripot, sont pipés (3)! On nous raconte ce qu’on veut.

    Le socialisme larvé de Giscard, le socialisme assumé de Mitterrand, et la course effrénée à toujours plus d’Europe de tous nos dirigeants ont eu raison de notre industrie et, par là même, de notre économie. Depuis Giscard, le daim auvergnat, la France n’a plus connu un budget en équilibre. Notre pays ne produit quasiment plus rien, en dehors du luxe, de l’aéronautique et de l’armement lourd. Nos mines ont fermé une à une, les hauts fourneaux de nos aciéries aussi.

    Depuis les années 80, notre industrie a détruit des millions d’emplois.

    En dehors de l’artisanat, la classe ouvrière n’existe quasiment plus. Pour éviter des charges ou des impôts trop élevés, ou des normes drastiques – techniques ou environnementales – imposées par Bruxelles, nos industriels ont préféré délocaliser leur production ou mettre la clé sous la porte. Nous sommes passés d’un pays de producteurs à un peuple de consommateurs.

    Et, tandis que la classe ouvrière allait pointer à l’ANPE (4), la France, avec le "regroupement familial", laissait rentrer massivement sur son sol une immigration attirée par nos aides sociales aussi généreuses que variées, sans parler de l’immigration clandestine.

    Le "mâle blanc" était, petit à petit, chassé de chez lui…

    Qu’il est facile à quelques jeunes cons, dont l’ambition se limite souvent aux loisirs ou à faire du cocooning chez papa-maman – la génération de la semaine de 35 heures, du Smartphone et des réseaux sociaux – de nous traiter de privilégiés et de pollueurs de la planète. Non, tout n’a pas été facile, tout n’a pas été rose, pour nous, même si, je le répète, nous étions plus libres, certes mais plus libres de prendre des risques sans trop de contraintes sécuritaires (souvent imposées par Bruxelles).

    Jean-Marc Boivin, alpiniste, parachutiste et parapentiste (5) disait: "La vie n’a de sens que dans l’extrême, mais l’extrême comporte quelques risques". Il est mort de sa passion: le risque.

    Je n’ai pas l’habitude de me plaindre, et encore moins de me faire plaindre, mais, depuis ma prime jeunesse, j’ai "mal à la France". Mais on m’a appris à serrer les dents, à souffrir en silence, comme si mon mal-être était une maladie vénérienne, une maladie honteuse.

    J’ai vite compris qu’être amoureux de ses racines était plutôt mal vu à l’époque de la France multiraciale, de l’Europe "à 27" et de la mondialisation de l’économie. Je souffre aussi de voir mon pays devenir une colonie de peuplement de ses anciens colonisés qui, bien souvent, nous détestent.

    Notre "douce France, terre des arts, des armes et des lois" chère à du Bellay, est devenue une réserve indienne: chaque année, 80 millions de touristes viennent visiter – admiratifs ou effarés – notre beau pays peuplé de 68 millions d’habitants dont 5 millions de fonctionnaires, 7 millions de pauvres, des millions de chômeurs, et des milliers d’hectares de friches industrielles, témoins d’un temps où tout ce que nous consommions n’arrivait pas de Chine, d’Inde, du Vietnam, du Bangladesh, de Roumanie ou d’autres pays plus ou moins lointains (et plus ou moins développés).

    Durant toute ma vie, j’ai vu mon pays se déliter, perdre ses emplois, ses repères, ses valeurs. Certains quartiers sont devenus des ghettos aux mains de dealers allogènes, et les "Français de souche" en ont été chassés.

    Nous avons (re)découvert l’"ensauvagement" et la barbarie. Jadis, nos aïeux se battaient pour un idéal: leur fief, leur Dieu, leur Roi, leur patrie, leurs frontières. Notre pays a été sacrifié, immolé, sur l’autel des banquiers apatrides, des européistes forcenés et de l’économie mondialisée. Une reddition sans combattre, un lâche abandon, une capitulation honteuse!

    Nous avons connu, pour beaucoup, des années de pensionnat (j’étais "enfant de troupe" à 11 ans), suivies d’un service militaire plus ou moins "viril"; parfois des journées de travail de 10 ou 12 heures, des semaines de 60 heures (avant que la France socialiste ne devienne une feignasse qui ne veut plus travailler), avec, dans le secteur privé, la menace quasi permanente du chômage.

    On nous dit aussi que notre génération n’a pas connu la guerre, c’est un fait (6). Nous serions, parait-il, des privilégiés, des chanceux, des veinards et… des égoïstes. Quelques imbéciles (comme la dame Aurore Bergé osent même affirmer que nous serions trop riches, et que nous devrions faire un "effort intergénérationnel" (quel charabia!) envers les jeunes. Il paraît qu’on ne pense pas assez à la jeunesse. Quelle foutaise, quelle ineptie, quelle débilité mentale!

    On y pense souvent et… on la plaint, pas pour le temps présent mais pour l’avenir qu’elle se prépare en cédant à la facilité, aux loisirs, au fric, aux plaisirs, plutôt que de défendre SA liberté.

    Ma génération, dans sa jeunesse, aura eu plus de liberté que la suivante, c’est indéniable. Nous ne subissons le diktat des minorités (féministe, racialiste, écologiste, LGBT+, etc.) que depuis les années 80 (7). Mais, si j’en crois les instituts de sondage, une forte majorité de jeunes se satisfait pleinement d’une France multiculturelle, bigarrée, écolo, invertie et islamisée. L’Education nationale s’est chargée de lui inculquer que le métissage – racial ou sexuel – c’est l’avenir et que les seuls dangers qui attentent aux "valeurs ripoux- blicaines" sont le populisme et le nationalisme.

    L’ennemi, en fait, c’est le "mâle blanc". Aussi, je plains, sincèrement, de tout mon cœur, la jeunesse qui partage encore mes valeurs car elle n’a pas fini de souffrir! Je veux bien qu’on me parle de "génération sacrifiée" à condition d’identifier la bonne.

    Sachant qu’une génération, c’est 25 ans, avec la Loi Veil de 1975 légalisant l’IVG c’est deux générations qui ont été réellement sacrifiées: à raison de 220 à 230 000 IVG par an, on aura  tué légalement 10 millions de petits Français.

    Il rentre environ 400 000 immigrés – toutes causes confondues – en France chaque année, et, au sein de la "diversité" on n’avorte pas, on se reproduit comme des lapins. Alors dormez en paix, braves gens, le "remplacement de population ", voulu par les mondialistes, est en train de se réaliser! Au train où vont les choses, dans quelques années on ne parlera plus des " territoires perdus de la République" puisque c’est tout l’hexagone qui sera perdu, mais pas pour tout le monde.

    La jeunesse actuelle condamne ma génération, celle des soixante-huitards, et l’accuse d’avoir détruit la planète.

    Moi aussi je condamne "ma" génération. Elle me fait honte, mais ce que je lui reproche n’a rien à voir avec l’écologie, le réchauffement climatique et la survie de la terre. Je fustige sa médiocrité, sa tartuferie, son hédonisme narcissique, son égocentrisme, sa veulerie, sa servilité moutonnière, ses mauvais choix politiques, et j’en oublie. Et, j’en profite pour saluer tous ceux qui ont tenté de lutter contre la désagrégation, la dégénérescence, le déclin programmé de notre pays, Jean-Marie Le Pen en tête car cet homme avait tout compris avant tout le monde. Et on l’a diabolisé!

    Eric de Verdelhan

     

    1)- Nouvelle religion dont les gourous voudraient nous priver des plaisirs de la vie. Les membres de cette secte, nourris à l’eau, au boulgour et au quinoa, sont tristes à mourir, et il y a de quoi!

    2)- Benjamin McLane Spock, pédiatre américain qui publia en 1946 le livre "The Common Sense Book of Baby and Child Care " (traduit en 1952 sous le titre "Comment soigner et éduquer son enfant"), qui prône une éducation permissive; c’était le début de l’enfant-roi.

    3)- Le "traitement social du chômage" permet de minorer les chiffres et de leur faire dire ce qu’on veut. Mais la France compte actuellement plus de 7 millions d’allocataires des minimas sociaux.

    4)- Agence Nationale Pour l’Emploi: l’ancêtre de " Pôle Emploi"

    5)- Jean-Marc Boivin, né le 6 avril 1951, est mort le 17 février 1990, au Venezuela près du Salto Angel, en faisant du base-jump. Il était alpiniste, parapentiste et base-jumper.

    6)- À part pour ceux qui sont allés la faire dans quelque ancienne colonie.

    7)- Encore que la Loi Pleven date de 1972. Elle annonçait toute une série d’autres lois liberticides.

  • L’Europe a une grande et longue histoire.

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    Et, comme toutes les longues et grandes histoires, qui s’étendent sur d’aussi vastes espaces et pendant autant de siècles, elle a été traversée de drames de très grande ampleur. L’Europe a connu des guerres, dont récemment deux guerres mondiales. Elle a connu des catastrophes naturelles, des épidémies, des famines, des crises économiques, des invasions, des guerres civiles.

    Elle s’en est toujours remise. Plus ou moins rapidement, parfois très lentement, mais toujours avec courage et avec talent. On peut parler d’une résilience européenne, d’une capacité de notre civilisation à comprendre ses erreurs et à s’améliorer en vue de progresser, encore et toujours.

    L’Europe est un miracle. Oh! Elle ne paie pas de mine. C’est le plus petit des continents du monde, coincé entre l’Asie et la mer. L’Europe n’a ni les gigantesques étendues de l’Amérique ni les masses grouillantes de l’Asie. Elle est pourtant le cœur battant de l’aventure humaine. En quelques siècles, l’Europe a tout inventé: le monastère, le style gothique, le chant grégorien, la lettre de change, la féodalité, le canon, l’imprimerie, la musique symphonique, la boussole, la ma- chine à vapeur, l’électricité, le moteur à explosion, le train, le cinéma, l’avion. Et j’en passe.

    C’est l’Europe qui, avec ses bateaux d’abord, puis ses trains, ses voitures et ses avions, a découvert puis relié le monde. C’est l’Europe qui, avec ses règles d’hygiène, ses vaccins et ses médicaments a soigné l’humanité. C’est l’Europe qui a su penser séparément le temporel et le spirituel.

    C’est l’Europe qui a inventé l’individu, l’émancipant de la loi du clan et de la tribu, lui permettant d’être libre. C’est en Europe qu’est née la révolution industrielle et la Renaissance. Et à chaque fois qu’une nouveauté technique, intellectuelle, artistique, politique, économique, scientifique, était inventée dans un coin quelconque de l’Europe, c’est tout le continent qui, en quelques années, le faisait sien.

    L’Europe n’est pas un pays, l’Europe n’est pas un peuple ni une nation, mais c’est bien une seule et même civilisation, forgée par le judéo-christianisme et l’esprit gréco-romain.

    L’Union européenne n’a même  as un siècle mais notre Europe a plus de deux  millénaires. Ceux qui se reconnaissent dans cet héritage, se l’approprient et veulent le perpétuer, sont des Européens. Tous ceux qui ne se s’y reconnaissent pas sont d’une autre civilisation.

    Notre continent est extrêmement âgé: oui, ses racines philosophiques, politiques, juridiques, religieuses, plongent dans une Antiquité qui a plus de deux mille ans, mais, étrange- ment, elles semblent toujours jeunes. De l’Égypte de Cléopâtre, il ne reste que des ruines. De la Rome de César, il reste une vision du monde qui, à bien des égards, est aujourd’hui encore actuelle. Nous continuons à nous nourrir de la pensée

    de Sénèque, de Marc-Aurèle et de Cicéron. Et c’est encore plus vrai d’Héraclite, de Socrate, ou de Platon, même parfois sans nous en rendre compte. Malgré toutes ses souffrances, malgré toutes ses épreuves, malgré les nombreuses fois où l’on a cru qu’elle était perdue, notre civilisation semble avoir quelque chose d’immortel.

    La beauté de l’Europe n’est pas un concept. Elle n’est pas une construction intellectuelle ni une opinion politique. Elle vient  du cœur et elle parle au cœur. Elle vient du plus profond de nos âmes, du ciel qui est en nous, et elle s’adresse à l’huma-nité dans ce qu’elle a de plus essentiel, de plus primordial.

    L’Europe est une civilisation vitale, charnelle, émotionnelle, fragile, à fleur de peau, une civilisation de l’âme. Et c’est elle que nous devons défendre. C’est cette histoire d’amour entre le génie et la vie que nous voulons protéger et transmettre.

    Aucune mission n’est plus belle que la nôtre. Oui, nous sommes fiers d’appartenir à ce continent magnifique. Et c’est parce que nous sommes si fiers de l’Europe que nous en voulons à l’Union européenne. L’Union européenne a trahi sa mission: elle ne nous défend plus, bien au contraire.

    Elle est devenue un continent aux frontières béantes, aux portes grandes ouvertes. Les wokes, les islamistes, les socialistes, les bureaucrates, les technocrates, tous travaillent

    à détruire le miracle européen.

    Ne les laissons pas faire! En votant Marion Maréchal le 9 juin prochain, nous en faisons le serment: ils ne déconstruiront pas ce trésor unique dans l’espace et dans le temps.

    Éric Zemmour

    P.S.: Je laisse la responsabilité de ses dires à l'auteur (NDLR)

     

  • Une Française exceptionnelle

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    Le général Valérie André est mort à 102 ans

    "Il y a des femmes qui ont la modestie aussi grande que le courage. Valérie André en fait partie et de nombreuses femmes militaires et civiles lui doivent aujourd’hui de pouvoir piloter3.  (Jean Lartéguy)

    Le médecin-général Valérie André est mort hier (le jour anniversaire de la mort du Roi Louis XVI) à l’âge – plus que respectable ! – de 102 ans, et je me fais aujourd’hui un devoir de rendre hommage à cette femme exceptionnelle à plus d’un titre.

    Chez nous, et en Occident, le féminisme est à la mode. Il ne se passe pas un jour sans que l’on dénonce la suprématie du mâle, du "macho", dans tous les domaines. On veut partout la parité, l’égalité homme/femme (pardon: femme/homme) et des quotas de donzelles dans presque tous les métiers (1).

    Comme si la compétence était une affaire de sexe ou de pourcentage. Et ne parlons pas de cette épouvantable écriture dite "inclusive" (qui voudrait même nous imposer un neutre – "iel" – pour les transgenres). Tout ceci est ridicule!

    Par démagogie – par clientélisme, car les femmes sont plus nombreuses que les hommes –  les leaders politiques ont remplacé "Français, Françaises" par "celles et ceux". Ce mal nous est arrivé avec Macron, mais il faut croire qu’il est contagieux.

    Pourtant notre langue est belle et je ne crois pas utile de la dénaturer, de l’enlaidir voire de carrément la massacrer. Depuis toujours, le pronom masculin "ceux" englobait tout le monde, c’était plus joli, plus agréable, plus harmonieux à l’oreille, que le pathos verbeux de nos modernes technocrates, des "bobos" et des cuistres qui veulent être "tendance".

    Jadis, par galanterie, on commençait un discours par "Mesdames, mesdemoiselles, messieurs", mais le "damoiseau" d’Ancien Régime ayant disparu de notre vocabulaire, par souci d’égalité, on a aussi supprimé la "damoiselle" ou demoiselle.

    Accessoirement, on est en train de tuer la galanterie chez l’homme, et le jeu de la séduction chez la femme. C’est bien dommage; on a le droit de regretter la belle langue d’antan sans être ringard!

    "La Demoiselle" restera dans l’histoire pour avoir été le premier avion léger créé par Alberto Santos-Dumont. Cet appareil a accompli son vol inaugural le 16 novembre 1907 à Issy-les-Moulineaux, équipée d’un moteur bicylindre d’à peine 20 cv.

    Cet avion m’offre une bonne entrée en matière pour vous parler du général Valérie André. C’est volontairement que j’écris "du général" et non "de la générale" car, n’en déplaise aux harpies féministes, "La générale" répond à des définitions précises: C’est

    a)- une sonnerie de clairon (ou une batterie de tambour) appelant les militaires à rejoindre leur poste de combat;

    b)- l’épouse d’un général;

    c)- une répétition générale au théâtre.

    ... et aussi, je rajoute, la carcasse du canard quand on a retiré toute la viande et que l'on peu griller au four, pour l'apéritif (NDLR)

    Mais venons-en à mon sujet du jour; l’histoire d’une centenaire qui n’était pas tarabustée ou obsédée par sa condition féminine, Madame Valérie André. Le 21 avril 2022, le général Valérie André, que ses frères d’arme d’Indochine surnommaient "Madame Ventilo", fêtait ses 100 ans. Ce jour-là, le monde de l’aéronautique, la médecine de guerre, les anciens d’Indo et l’Algérie, lui ont rendu hommage ô combien mérité ! L’histoire de Valérie André incarne les valeurs de courage, d’altruisme, d’audace et de dépassement de soi. Elle a été  officier, pilote, parachutiste, neurochirurgien, et femme de guerre.

    La petite Valérie est née le 21 avril 1922, à Strasbourg, au sein d’une famille nombreuse, une famille d’artistes, qui ne la prédisposait pas à une vie plus que trépidante de baroudeuse. Son premier contact avec l’aviation aura lieu sur le terrain de Strasbourg.

    Elle offre, très émue, un modeste bouquet de pivoines à l’aviatrice Maryse Hilsz qui vient juste de se poser. Puis, son bac en poche, le virus de l’air la taraude déjà et elle prend ses premières leçons de pilotage sur un avion "Potez".

    L’entrée en guerre de la France stoppe son apprentissage et elle commence des études de médecine à Clermont-Ferrand. Durant ses études, une rencontre va marquer sa vie, celle du professeur Binet, qui lui propose de se spécialiser en médecine de guerre et d’aller rejoindre une équipe médicale en Indochine.

    Valérie n’hésite pas, plutôt que le confort lucratif d’un cabinet privé, elle choisit une carrière militaire, dans le Corps Expéditionnaire mal équipé qui se bat dans une guerre perdue d’avance en Extrême-Orient!

    Elle se retrouve en 1949, à l’hôpital de My-Tho. C’est à cette époque qu’elle passe son brevet parachutiste. Elle entre dans la grande famille parachutiste durant la même période qu’une autre grande dame oubliée, une dame elle aussi d’un courage exceptionnel, la journaliste Brigitte Friang.

    En 1950, Valérie André arrive à convaincre sa hiérarchie de la nécessité d’apprendre à piloter un hélicoptère pour aller chercher les blessés dans les zones inaccessibles autrement que par air. Elle revient en France et passe son brevet de pilote sur " Hiller " à Cormeilles en Vexin, puis elle repart en Indochine. Le capitaine Valérie André fait partie de l’équipe du colonel Alexis Santini (qui deviendra plus tard son époux), et du lieutenant Henri Bartier.

    Ils mènent des "Evasan" (2) sous le feu ennemi et avec l’angoisse d’arriver trop tard. Les blessés étaient installés dans des paniers d’osier, de chaque côté des portes du cockpit, au niveau des patins de l’hélicoptère.

    "Sur les trois pilotes, l’un d’eux est une femme. Un tout petit bout de femme. Et ce petit bout de femme est un grand bonhomme. Elle est à la fois pilote d’hélico et médecin. Elle s’appelle Valérie André"… écrira beaucoup plus tard le général Jean-Paul Salini, ancien pilote de chasse en Indochine.

    Ses frères d’arme la surnomment "Madame Ventilo". Avec son hélicoptère "Hiller 360", elle recueille en brousse, dans les pires coins, des soldats blessés qui n’auraient pas supporté un long brancardage vers un centre hospitalier. Pour les populations locales et tous ceux qui lui vouent une reconnaissance sans limite, elle devient  "la femme descendue du ciel". En avril 1952, elle sera la première femme à avoir apponté sur la plateforme d’un bâtiment de guerre – "l’Arromanches" – mouillé  en baie d’Along.

    En 1959, c’est en Algérie que le colonel Valérie André repart en guerre, cette fois à bord d’"Alouette" et de "Sikorski  365". Ses missions seront toujours accomplies pour sauver des vies humaines, au péril de sa propre vie.

    Le 21 avril 1976, Valérie André décrochait ses étoiles de général de brigade, une première dans l’Armée française. Son amie Catherine Maunoury lui dira à cette occasion:

    "Tu n’as jamais frémi ni tremblé. Tu as toujours mesuré et accepté le risque, le danger mais tu écartes naturellement la peur car tu places plus haut encore ta mission, ton devoir de sauver des vies. Coûte que coûte".

    Le général Valérie André était Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite et titulaire de la Croix de guerre avec sept citations.

    Chapeau Madame ! En ce jour où vous rejoignez l’Archange Saint-Michel, le saint patron des paras, recevez mes hommages et mes respects !

    Eric de Verdelhan

     

    1)- La magistrature, assise ou debout, compte 65% de femmes, 80% chez les enseignants, 90% chez les infirmiers, 60% en fac de médecine, etc. etc.2)-" Evasan ": évacuation sanitaire en jargon militaire