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opinions - Page 36

  • Le bilan de 132 années de présence française en Algérie

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    "La France n’a pas colonisé l’Algérie, ELLE L’A FONDÉE"   (Ferhat Abbas, فرحات عباس)(1).

    Monsieur le président de l'Algérie,

    J’en ai assez de supporter les approximations, les contre-vérités, les mensonges grossiers, véhiculés – tant du côté algérien que français – sur nos 132 années de colonisation.  Je reconnais qu’Emmanuel Macron a cherché le bâton  pour se faire battre en déclarant, en février 2017, que la France avait commis un "crime contre l’humanité" en Algérie. Il n’avait pas à aller à Canossa et à faire repentance car, que cela vous plaise ou non, nous ne devons RIEN à votre pays.

    L’eurodéputée Sarah Knafo vous a fortement irrité en déclarant que, dans le cadre de l’aide au développement, nous vous donnerions 800 millions d’euros par an. Ce chiffre est inexact: de 2017 à 2022, nous avons donné 842 millions d’euros à l’Algérie, soit 168,4 millions par an. Et pour cette somme pharaonique nous n’avons droit qu’à des injures, des insultes, des menaces ou du mépris.

    Je suis assez surpris qu’aucun homme politique et aucun journaliste ne fassent le bilan réel de nos 132 ans de colonisation. Je vais donc le faire brièvement (la liste ci-dessous n’est pas exhaustive):

    En matière d’éducation: 800 écoles primaires, 25 lycées, 24 collèges, 1 université (5000 étudiants), et 8 écoles normales. Décollage de la scolarisation des musulmans après la seconde guerre mondiale. 50% en enseignement primaire (dont 37% de filles), 25% en secondaire, 10% en cycle supérieur. Effectifs des écoles primaires en 1961: 109.300 enfants européens scolarisés et 735.000 enfants musulmans (50%).

    28.000 instituteurs.

    Si tous les enfants musulmans avaient été scolarisés, il aurait fallu 25.000 enseignants de plus. Il faut noter que pendant longtemps, vos autorités religieuses ont dénigré l’école laïque, appelée "l’école du diable". La majeure partie des enfants musulmans était cependant scolarisée.

    En matière de santé: Capacité des hôpitaux: 4000 lits en 1871,  5000 en  1913,  24.000 en 1953. En 1961: 10.000 lits dans le secteur privé et 38.000 dans le secteur public, comprenant: 1 hôpital de 2000 lits (Alger), 2 hôpitaux de 1000 lits, 112 hôpitaux polyvalents, 14 établissements spécialisés, 9 cliniques privées et un Institut Pasteur à Alger. 1950 médecins civils aidés par 700 médecins militaires, soit un médecin pour 3700 habitants, ce qui est un résultat honorable. 17.000.000 actes médicaux délivrés en 1959 (3).

    En matière d’agriculture (chiffres de 1950): 13.000.000 hectares cultivés, dont 75% appartenant aux musulmans, dont 200.000 hectares  irrigués. 5.000.000 d’ovins et 3.000.000 de caprins, dont 90% sont la propriété des musulmans. 3.000.000 d’ânes, bovins et chevaux. 11.000.000 de quintaux annuels de blé produits, 8.000.000 d’orge, 1.000.000 d’avoine, 450.000 hectares de vignes, 40.000 hectares  de culture maraîchère et fruitière, 20.000 hectares  de tabac,  12.000 hectares de betterave, coton, liège et alfa.

    Industrie agro-alimentaire: Conserveries de poissons, légumes, brasseries, jus de fruits et distilleries (apéritifs). 1 institut agricole à Maison-Carrée. 5 autres écoles dans le pays.

    Communications terrestres: 54.000 km de routes nationales et départementales, 24.000 km de pistes sahariennes. 34 routes nationales pour 156.000 véhicules en circulation (en 1959). 4420 km de voies ferrées, et 747 km à voie étroite.  77 locomotives diéso-électriques, 25 autorails, 41 locos-tracteurs pour les gares, 91 locomotives à vapeur (pour voie étroite), 31 motrices électriques. 500 wagons de voyageurs (dont 60 inox pour voie normale et 33 inox pour voie étroite) et  10.000 wagons pour le fret.

    Communications maritimes: 23 ports aménagés dont Alger (4.000.000 de tonnes de fret et 450.000 passagers/an), Oran (2.000.000 de tonnes de fret et 250.000 passagers/an), Arzew: port gazier, et Bougie: port pétrolier. Nombreux ports de pêche de Nemours à La Calle.

    Communications aériennes: 3 grands aéroports: Alger, Oran et Constantine. 1.000.000 de voyageurs/an. L’aéroport d’Alger Maison-Blanche était, en 1959, le deuxième aéroport de France.

    De nombreux petits aérodromes, sans compter les bases militaires créées à partir de 1955 comme Boufarik, grosse base d’hélicoptères, ou Aïn-Arnat. Une compagnie aérienne, "Air Algérie", créée en 1945 (6 Caravelles en 1960). 53 aéro-clubs et 460 avions privés.

    Communications téléphoniques, radio/TV, bureaux de poste: 6 câbles sous-marins. 2 câbles souterrains au Sahara. 4 voies radioélectriques, 1 faisceau hertzien et 4 au Sahara. Outre les stations radio existant depuis les années 20, création d’une station TV à Cap-Matifou en 1954 avec des relais dans toute l’Algérie. 15 centraux téléphoniques, 120.000 postes téléphoniques. 818 bureaux de poste (recette principale, annexe ou agence). 600 agences ou annexes postales dans le bled.

    Activités minières: Mines de plomb et de zinc, à Sidi-Kamber au nord de Constantine. De marbre à Filfila dans le constantinois et Le Chenoua dans l’algérois. Mines de fer à El-Hallia (constantinois), Zaccar (algérois), Ouenza au sud de Bône. Mine de houille à Kenadza près de Colomb-Béchar. Mines de  phosphate de chaux à Tébessa et Sétif. 3 usines de production chimique à Bône, Maison-Carrée et La Sénia.

    Métallurgie: Environ 3000 établissements, dont beaucoup de petits ateliers; en gros 25.000 salariés. Quelques usines spécialisées telles que: l’acier laminé à La Sénia, tréfilerie de cuivre-alu à Alger. Construction de bâtiments à ossature métallique à Constantine (Ets Duplan). Articles ménagers alu à Bône. Emballages de fer blanc et fûts au Gué de Constantine à Alger. Wagons de chemin de fer à Bône. Électrodes de soudure, Air Liquide à Alger. Fabrication de pylônes électriques à Maison-Carrée et Rouïba. Assemblage de camions Berliet à Rouïba. Aciérie à Bône, achevée en 1961.

    Bâtiment: 3 cimenteries à Pointe Pescade et Rivet et St Lucien-La Cado. 43 briqueteries-tuileries.

    Habitat urbain et rural: Dans les années 50, l’office HBM (Habitations à Bon Marché) construit des logements à Bab-El-Oued, Le Ruisseau, Le Clos Salembier, Diar-es-Saâda et Mahcoul. De grandes cités nouvelles voient le jour à Oran, Constantine, Philippeville, Bône, Sétif, Bougie, Blida, Tlemcen, Mostaganem et Bel-Abbés. À la veille de l’indépendance, le pays possède 274 stades, dont 5 à Oran. Entre 1959 et 1962, il s’est construit 50 à 60.000 logements urbains et 80 à 90.000 ruraux par an destinés aux musulmans.

    Energie: Il y avait 11 compagnies d’électricité en Algérie au début du 20ème siècle. L’ensemble a été  nationalisé, sous le sigle EGA, en 1947. En 1950, on comptait 25 centrales thermiques, dont 6 grosses installées sur les quais d’Oran, Alger et Bône, 27 barrages hydro-électriques, petits, moyens et gros, certains étaient polyvalents (irrigations des terres et alimentation d’eau des villes et villages). 21.800 km de lignes à haute tension (150 et 60 kva), 250.000.000 de kwh produits en 1940, 1.000.000.000  en 1961.

    Mais le plus beau fleuron de NOTRE Algérie française reste indéniablement la découverte et la mise en valeur des hydrocarbures au Sahara par les ingénieurs de la "Société Nationale de Recherche Pétrolière en Algérie" (en partenariat avec "Total"), dans les années 50. En 1959, la production de pétrole était de 1.200.000 tonnes et 9.000.000 en 1962. En 1972, lorsque les compagnies pétrolières françaises quitteront le Sahara, il y a 250 puits de pétrole forés. Elles ont construit le premier pipe-line Hassi-Messaoud – Bougie,  trouvé du gaz naturel à Hassi R’mel, construit un gazoduc Hassi R’mel – Arzew, une raffinerie à Hassi-Messaoud puis à Alger, enfin, une usine de liquéfaction de gaz à Arzew…

    Pardon pour cette longue et fastidieuse liste mais elle me semblait nécessaire, pour que, comme Emmanuel Macron, vous arrêtiez de raconter n’importe quoi sur l’œuvre française en Algérie.

    Je tiens aussi à dire un mot sur d’autres mensonges véhiculés par les médias, algériens et français.

    Votre pays compte 45 millions d’habitants et la moitié de cette population a moins de 25 ans. Ces jeunes apprennent très tôt à détester la France car on leur raconte – primo – que tout le peuple algérien s’est levé "comme un seul homme" contre le colonisateur honni et – secundo – que l’Algérie a vaincu la France, ce qui est totalement faux.

    En 1958, avant le "Plan Challe" l’ALN (4) disposait de 20 à 25.000 combattants et autant d’auxiliaires. En février 1962, juste avant les Accords d’Evian, elle aura moins de 4000 réguliers et 10.000 moussebilines; dans le même temps, les effectifs  des  musulmans servant  aux côtés de l’Armée française passeront de 30.000 à… 260.000 hommes. Et certains osent encore écrire que "tous les Algériens étaient derrière le FLN…".

    Foutaise!

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’ALN de l’extérieur, "l’Armée des frontières" qui n’a pas combattu mais qui défilera fièrement au moment de l’indépendance,  compte 15.000 hommes en Tunisie et 6500 hommes au Maroc. La moitié n’est même pas armée, ne sait pas se battre et n’a pas envie d’affronter les paras, la Légion étrangère ou les "commandos de chasse".

    S’il y eut cinq fois plus de musulmans à combattre dans les rangs de l’Armée française que dans ceux de l’ALN, les victimes musulmanes du FLN furent également cinq fois plus nombreuses que les européennes, de 1954 à 1962. Le FLN, en plus de purges internes, n’a pas fait de cadeau à ses opposants.

    Parlons des règlements de compte au sein même du FLN ou à l’égard de factions rivales: rien qu’en métropole, les rivalités entre le FLN et le MNA de Messali Hadj feront près de 4000 morts chez les Nord-Africains, 400 dans la population française, et plus de 6000 blessés.

    Disons un mot également du bilan chiffré de cette guerre. La France annonce 30.000 soldats morts en Algérie (dont un tiers par accidents). Ce chiffre est faux! Le nombre de soldats français tués en Algérie, entre 1954 et 1962, est de 24.500, c’est largement suffisant! 

    250 ou 260.000 musulmans et européens ont été massacrés par le FLN, dont plus de la moitié après l’indépendance (5). Du côté du FLN, officiellement, les pertes seraient de 155.000 hommes: 141.000 tués au combat, 2000 tués par les armées tunisienne ou marocaine, 15 à 20.000 victimes de purges internes, mais Bouteflika, votre prédécesseur, réclamait à la France un tribut de "plus d’un million de morts", rien que ça! Mais comment pourrait-on le croire?

    Ferhat Abbas révèle, dans Autopsie d’une guerre, cette remarque du psychiatre gauchiste Frantz Fanon: "Un colonel leur réglera, un jour leur compte (aux dirigeants du FLN). C’est le colonel Boumédiène. Pour lui, le goût du pouvoir et du commandement relève de la pathologie…".

    Il faut savoir, en effet, que deux  mois à peine après la signature des Accords d’Evian, le Conseil de la Révolution, réuni à Tripoli du 28 mai au 7 juin, vit s’affronter les négociateurs d’Evian et l’état-major de Boumédiène, qui n’avait pas voulu prendre part aux pourparlers afin de pouvoir contester les modalités du cessez-le-feu.

    Excédés par les remontrances de ce militaire qui ne s’était pas battu, Ben Khedda et d’autres membres du GPRA quittèrent Tripoli pour Tunis. Boumédiène en profita pour faire adopter un " procès-verbal de carence "condamnant le GPRA. Le 30 juin, veille du référendum, le GPRA dégradait Boumédiène et ses adjoints. Ce dernier répliqua aussitôt: le 22 juillet, il formait avec Ben Bella un "bureau politique" du FLN et décidait de marcher sur Alger avec son "Armée des frontières" devenue, pour la circonstance, "Armée Nationale Populaire".

    Cette marche coûtera plusieurs milliers de morts. Sur le passage des troupes, la population scandait: "7 ans, ça suffit!". Le lieutenant Khaled Nezzar  écrira plus tard qu’il n’avait jamais vu "autant d’acharnement dans les combats, pas même durant la guerre de libération".

    La conclusion de cette dérive catastrophique, on la trouve dans le titre des mémoires de Mohamed Bessaoud: "Heureux les martyrs qui n’ont rien vu".

    Pour conclure, en plus des citations en en-tête de cet article, je vous invite, monsieur Tebboune, à méditer les propos tenus par des musulmans favorables à l’indépendance de l’Algérie. Citons en premier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal  que vous détenez en prison illégalement. Il a écrit:

    "En un siècle, à force de bras, les colons ont, d’un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux.

    Seul l’amour pouvait oser pareil défi… Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes ses enfants…".

    C’est également lui qui écrivait  avec lucidité: "Trente ans après l’indépendance, nous voilà ruinés, avec plus de nostalgiques que le pays comptait d’habitants et plus de rapetoux qu’il n’abritait de colons. Beaucoup d’Algériens regrettent le départ des "Pieds noirs". S’ils étaient restés, nous aurions peut-être évité cette tragédie…". 

    Cet avis est partagé par la journaliste algérienne Malika Boussouf qui écrit: "Si les Pieds noirs n’étaient pas partis en masse, l’Algérie ne serait peut-être pas dans l’état désastreux dans lequel elle se trouve".

    Donnons la parole à Bachir Ben Yamed, directeur de l’hebdomadaire  Jeune Afrique:

     "A son indépendance, nul pays extérieur au monde occidental, Japon et Afrique du Sud exceptés, ne disposait d’une infrastructure aussi développée que celle de l’Algérie…".

    Jugement identique chez Ferhat Abbas, cité plus haut, quand il déclare: "L’œuvre  de la France est admirable! Si la France était restée vingt ans de plus elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen".

    Il devait ajouter sur le tard: "La France a commis un crime: elle a livré le peuple algérien aux tueurs et aux assassins".  

    C’est aussi l’écrivain Belkacem Ibazizen qui déclare: "La scolarisation française en Algérie a fait faire aux Arabes un bond de mille ans". Et Abderramane Fares de surenchérir: "S’il est, en Algérie,  un domaine où l’effort de la France ne se discute pas, c’est bien celui de l’enseignement. On doit dire que l’école a été un succès… Les vieux maîtres, les premiers instituteurs, ont apporté toute leur foi pédagogique, et leur influence a été extrêmement heureuse".

    Boualem Sansal parle de "tragédie", Bacir Ben Yamed  et Aït Hamed de  faute" et de "crime".  Est-il besoin d’en rajouter?

    La France a TOUT donné à l’Algérie qui a connu un essor considérable, rendant riche et fertile une terre inculte. Alors de grâce, monsieur Tebboune, arrêtez de raconter que le peuple algérien a subi pendant 132 ans un colonialisme tortionnaire et brutal.

    Nous sommes, vous et moi, de la même génération – vous êtes né en 1945 et moi en 1949 – vous savez pertinemment que ce que vous dites est faux, mais vos attaques virulentes contre la France masquent l’incapacité des dirigeants algériens à sortir le pays du marasme. L’Algérie est (était?) un pays riche grâce aux hydrocarbures découverts par la France, mais ce pays ne décolle pas à cause de l’incompétence et de la corruption endémique qui gangrènent les hautes sphères de son administration et du pouvoir.

    Plus de 60 ans après son accession à l’indépendance, l’Algérie exporte massivement chez nous une jeunesse qui nous déteste mais qui, plutôt que de crever de faim dans son pays, vient chercher les subsides que nous lui allouons sans compter. Il serait temps que l’on arrête d’engraisser des ingrats!

    Comme beaucoup de Français – de plus en plus nombreux! – je pense qu’il faudrait dénoncer les accords iniques de 1968 et refuser dorénavant les visas d’entrée aux ressortissants algériens. Il faudrait aussi refouler les Algériens qui occupent et encombrent nos prisons (à hauteur de 30% des détenus, me dit-on) et cesser toutes subventions ou aides au développement à l’Algérie.

    Je vous dis ça, monsieur le président de l'Algérie, sans la moindre haine, sans la moindre rancœur, sans la moindre animosité. Vous ne manquez jamais une occasion de critiquer, de dénigrer ou de menacer la France. Je voudrais simplement que mon pays fasse preuve, enfin, de lucidité et pratique la… réciprocité.

    Eric de Verdelhan

     

    1)-  Fondateur de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA), rallié au Front de Libération Nationale (FLN) durant la guerre d’Algérie, président du premier Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) de 1958 à 1961.

    2)- L’un des chefs historiques du FLN algérien

    3)- Source: Guy Augusti, médecin en Algérie

    4)- ALN: Armée de Libération Nationale, le bras armé du FLN

    5)- "Les mensonges de la guerre d’Algérie" de Jacques Demougin; Cide; 2005 et "Autopsie de la guerre d’Algérie" de Philippe Tripier; France-Empire; 1972

    P.S.: Je laisse la responsabilité de ses dires à l'auteur (NDLR)

  • La fin du choix entre Madame et Monsieur, vecteur de la fuite vers l’androgynie

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    L’association Mousse lutte pour la défense des droits des personnes LGBTIQA+. Elle a saisi la plus haute juridiction administrative française pour dénoncer la pratique de SNCF Connect "qui oblige systématiquement ses clients à indiquer leur civilité".

    Dans un premier temps, la Cnil, Commission nationale informatique et libertés, rejette la réclamation de l’association Mousse. Cette dernière se tourne vers le Conseil d’Etat, qui a demandé son avis à la CJUE, Cour de Justice de l’Union Européenne, ce qu’on appelle en droit un " renvoi préjudiciel".

    L’avocat de Mousse, Etienne Deshoulières, explique: l’action de l’association "reposait sur le constat initial que les personnes transgenres, non binaires et intersexes subissaient des discriminations au sein de la SNCF. Le seul choix d’une catégorie "Madame" ou "Monsieur" lors de l’achat d’un billet de train "contribue à nourrir un sentiment d’exclusion" pour les personnes intersexes et non binaires.

    La SNCF assure avoir besoin de ces informations de genre pour personnaliser les formules de politesse dans les communications avec ses clients par mail.

    "Une personnalisation de la communication commerciale fondée sur une identité de genre présumée en fonction de la civilité du client ne paraît pas objectivement indispensable pour permettre l’exécution du service", estime la Cour de Justice de l’Union Européenne, dans un arrêt rendu jeudi 9 janvier 2025.

    Que ce soit un homme ou une femme, le service ne change pas. Demander cette information serait contraire au règlement RGPD, Règlement Général sur la Protection des Données, censé protéger les données personnelles.

    La Cour s’appuie sur le principe de "minimisation des données", qui impose de ne pas collecter d’informations inutiles à la fourniture du service commandé. La Cour estime que la SNCF est en mesure d’utiliser "des formules de politesse génériques, inclusives et sans corrélation avec l’identité de genre des clients", lorsqu’elle communique avec eux. Cela constituerait d’ailleurs une solution "moins intrusive".

    Selon la justice européenne, cocher la case "Madame" ou "Monsieur" lorsqu’on achète un billet de train n’est pas nécessaire. La SNCF n’a pas à demander l’identité de genre de ses clients.

    Me Deshoulières salue "une décision historique en matière de reconnaissance des droits des minorités sexuelles et de genre". Pour lui, la décision de la CJUE "ouvre également la voie à des effets indirects, porteurs d’avancées majeures pour les droits des personnes LGBT, telle que la reconnaissance du sexe neutre et du mariage homosexuel dans les 27 Etats de l’Union européenne".

    Elle rend possible la modification des formulaires dans les entreprises et administrations des 27 Etats membres de l’Union européenne.

    Et l’association Mousse espère à termes voir cette identité de genre disparaître des documents d’état civil comme les actes de naissance ou les actes de mariage.

    Mais cet arrêt ne tranche pas le litige. "Il appartient à la juridiction nationale, ici le Conseil d’Etat de résoudre l’affaire conformément à la décision de la Cour", souligne la juridiction européenne.

    Nul doute que le Conseil d’Etat entérinera cet arrêt de la Cour. Il y aura peut-être bientôt une case en moins à cocher à la réservation de son billet. La case "Madame" ou "Monsieur" pourrait disparaître. En attendant les documents d’état civil.

    L’identité sexuelle est le genre par lequel une personne est ou plutôt était socialement reconnue, l’identité que l’on a depuis la naissance, l’identité que les autres nous reconnaissent. Biologiquement, nous naissons garçon ou fille et la société nous considère par la suite homme ou femme. L’identité sexuelle appartient à la sphère publique. Elle est en train de disparaître.

    L’identité de genre est l’expression intime et personnelle de son genre, profondément vécue par chacun. Elle est déconnectée du sexe assigné la naissance, voire réassignée par un traitement chirurgical dans le cas des transsexuels. Pour les personnes transgenres, pour les personnes non binaires, l’identité de genre ne correspond pas au sexe biologique.

    Ainsi, conséquence de l’idéologie du genre, la notion d’identité de genre se substitue à l’identité sexuelle, aux notions de garçon et de fille, d’homme et de femme. L’ordre naturel s’efface. Et l’abrogation de l’ordre naturel dissimule des croyances cosmiques inavouées, inavouables et liées au mondialisme. Derrière les apparences progressistes, se cachent toujours des réalités insoupçonnables.

    Les mondialistes cosmopolites, et donc naturalistes, et antichrétiens, croient au mythe de l’Eternel retour et au mythe de l’Androgynie primordiale.

    L’Eternel retour, mythe païen consiste à croire que tout revient à l’origine, c’est-à-dire à un "âge d’o " où l’homme vivait avec les dieux, le "paradis perdu". En détruisant la société et le dogme chrétiens, l’homme redécouvrirait un paradis primordial.

    Il retournerait à un état de l’humanité antérieur à la chute. Il effectuerait un Eternel retour vers un Paradis perdu, avant le péché originel. Ce mythe implique une conception cyclique du temps et s’accompagne de la croyance en la métempsycose et en l’éternité du monde.

    En Grèce, Platon a transposé l’Eternel retour en philosophie (il est à l’origine du communisme). Aboli par le christianisme, le mythe est revenu par le biais de la littérature, avec John Milton, écrivain rosicrucien anglais (1608-1674), par le biais de la philosophie, avec Jean-Jacques Rousseau et le " bon sauvage " (1712-1778), et Friedrich Nietzsche, le plus grand philosophe de la voie irrationnelle, donc de la Kabbale (1844-1900).

    Les intellectuels nazis revendiquent l’héritage de Nietzsche et font référence à l’Eternel retour. Le "Grand soir" de Karl Marx est une autre expression de l’Eternel retour.

    Nazisme et communisme sont des résurgences de l’Eternel retour. Dans le socialisme mondial, l’individu retourne à l’Un, qui est un Cosmos divinisé, une Nature hors du temps linéaire, donc éternelle.

    Le Naturalisme suppose une éternité du monde, croyance commune à tous les matérialismes, dont le marxisme et l’évolutionnisme.

    Le socialisme est solidaire de l’Eternel retour. Si le monde n’est pas créé par Dieu, le " progrès "consiste en un "retour à l’origine", le "paradis perdu", le temps où l’homme vivait avec les dieux, c’est-à-dire avec les démons. Le "progressisme" est diabolique.

    Autrement dit, les philosophes "rationalistes" et matérialistes modernes ont des croyances cosmiques cachées: que ce soit l’œuf cosmique, ce mythe d’origine égyptienne, décrit le processus de création à partir d’un œuf primitif ou primordial qui contiendrait tout en puissance, mythe repris par les initiés de la Renaissance, par Diderot et les Encyclopédistes, que ce soit l’Eternel retour et l’éternité du monde …

    Des croyances cosmiques sont communes au nazisme et au mondialisme, mondialisme qui unit toutes les gauches. Les mondialistes partagent les croyances des nazis.

    La gauche progressiste fait son pain de la lutte contre le nazisme, mais reprend des croyances cosmiques, la divinisation de la nature, le mythe de l’Androgyne, selon lequel l’humanité n’a pas été créée bisexuée, mais contenant les deux sexes. L’humanité doit donc retourner à l’Androgynie primordiale pour atteindre la perfection. C’est l’Eternel retour par le sexe. D’o% la " révolution sexuelle "appelée par Herbert Marcuse, philosophe juif marxiste américain d’origine allemande, (1898-1979), par Wilhelm Reich, médecin psychiatre juif autrichien naturalisé américain… qui a fini à l’asile (1897-1957). Les jeunes " dénaturés " par le genre risquent d’être enfermés eux aussi.

    D’où la "ré-volution", le retour à l’Androgynie primordiale. D’où l’obsession des progressistes mondialistes, la hantise des idéologues LGBTIQA+ d’imposer coûte que coûte l’idéologie du genre et l’homosexualité, avec toutes les conséquences inhérentes. D’où l’idée fixe de l’association Mousse de supprimer les termes "Madame" et "Monsieur" de la réservation des billets SNCF, et bientôt de tous les documents administratifs, et pourquoi pas de la conversation.

    "Madame" et "Monsieur" sont promis à une disparition prochaine, au nom de l’idéologie du genre, au nom de l’Eternel retour à l’Androgynie. Mais les militants de base, mondialistes et LGBTIQA+, ne savent rien de cet Eternel retour à l’Androgynie.

    Ainsi, deux conceptions s’affrontent. Une vision héritée de l’Antiquité: l’être humain androgyne contient les deux sexes. Une perception issue de la Révélation divine: selon un ordre naturel, Dieu a créé un homme et une femme distincts et complémentaires. Dieu ou une transcendance inaccessible pour les non-croyants. Aujourd’hui, l’hallucination venue du fond des âges refait surface et chasse la manière de penser traditionnelle. Ceci par des moyens peu démocratiques, la force, le matraquage, la persuasion, la manipulation, l’ingénierie sociale.

    Dieu est "coupable" d’avoir créé l’homme et la femme "différenciés". La nouvelle humanité doit redevenir androgyne. Le mythe de l’Eternel retour était dans l’hermétisme, pensée judéo-égyptienne dont le Dieu est un Esprit androgyne qui produit un Démiurge, lequel façonne le monde par processions, comme dans la gnose. Dès le IIe siècle, les hermétistes se réunissent dans des sociétés secrètes avec les autres ennemis du christianisme. Le mythe de l’Eternel retour est passé dans la littérature avec Rabelais, puis en philosophie. Il y a une filiation de Descartes à l’idéologie du genre.

    L’opposition entre le Féminin ésotérique et le Masculin ésotérique est une autre conséquence de cette croyance cosmique en l’Eternel retour. Il faut réaliser la "coïncidence des contraires", c’est-à-dire la concordance, le synchronisme de l’homme et de la femme.

    On le sait depuis le Yang et le Yin chinois, deux forces à la fois opposées, interdépendantes, et complémentaires. Le Yang, partie blanche, représente le principe actif, positif et masculin, le Soleil, la luminosité. Le Yin, partie noire, évoque son principe passif, négatif et féminin, la Lune, l’obscurité.

    L’hermétisme concrétise cette "coïncidence des contraires" par l’analogie entre le microcosme et le Macrocosme, entre l’homme et l’Univers, qui est le "Nous", un Esprit androgyne. L’homme de la Renaissance est l’Homme parfait hermétique, un initié, un "homme-dieu", un immortel, un Humaniste. L’Homme de Léonard de Vinci, inscrit dans un cercle, symbolise cet "homme mesure du monde", ou encore Dieu lui-même. Et l’hermétisme transite par l’Islam. La Franc-Maçonnerie est une société secrète hermétique. Le rite dit écossais est hermétique.

    Le lecteur de l’histoire officielle ignore cet ésotérisme du Masculin et du Féminin. Pendant ce temps, le mondialisme avance.

    Le communisme adopte cet ésotérisme. Pour Marx, pour Jürgen Habermas, philosophe, sociologue allemand, né en 1929, le "paradis" communiste originel était Féminin, un matriarcat. Donc il faut éliminer le Masculin, le patriarcat. D’où la lutte gauchiste contre l’homme occidental, le Masculin qui pourrait défendre la civilisation honnie, d’autant que le fascisme est accusé d’être Masculin.

    Cette mythologie est incompatible avec le christianisme. Mais elle est compatible avec le communisme, avec le gauchisme, avec le mondialisme. D’où la lutte à mort contre le christianisme, plus précisément contre le catholicisme.

    Dante Alighieri, poète, écrivain, penseur italien (1265-1321), fait "re-naître" le Féminin ésotérique. Dans son œuvre, Béatrice, son inspiratrice, supplante la Vierge, et remplit le rôle du Féminin ésotérique de l’hérésie orientale qui consistait à considérer le Saint-Esprit comme Féminin.

    Rousseau invente une "Nouvelle Héloïse", après les amours d’Abélard et Héloïse au XIIe siècle. Il y a union du Masculin et du Féminin ésotériques. Rousseau, identifié à Saint-Preux, atteint l’orgasme philosophique quand il séduit Julie, le nouveau Féminin révolté contre l’ordre de Dieu. Conséquence. Ce n’est plus le Féminin qui est responsable du péché originel, mais le Masculin.

    Rousseau rejette la faute originelle sur le rationalisme "masculin". Il est la bouche du Serpent car il connaît la symbolique de la Synagogue de Satan.

    Lénine transcrit en politique cet ésotérisme: "Qui tient la femme tient la société". D’où le féminisme, l’opposition de la femme à l’homme. Un féminisme complice de l’invasion islamique alors que l’islam soumet la femme.

    Les cultes du Cosmos ont une incidence politique: le cosmopolitisme. C’est la philosophie du mondialisme, c’est l’immigration de masse obligée. Qui dit retour aux cultes cosmiques dit sacrifice, et aussi régression de l’humanité au primitif. Le retour au mythe de l’Eternel retour, le retour à l’androgynie, le retour au Féminin et au Masculin ésotériques, constituent une régression de l’humanité au primitif. Nous vivons et subissons cette dégénérescence. Et certains la vivent avec bonheur. D’autres la vivent avec indifférence.

    L’interdiction des termes "Madame" et "Monsieur" se situe dans cette régression à l’éternel retour, au mythe de l’Androgynie, et à la "conciliation des contraires". Sous couvert de lutte contre la discrimination. Une discrimination construite et fabriquée, fictive et chimérique.

    Tous les politiques, qu’ils soient dans l’opposition ou au pouvoir, gauche et droite confondues, sont mondialistes, sous un aspect ou sous un autre, sous plusieurs aspects ou sous tous les aspects, et donc ne feront jamais rien contre cette régression de l’humanité au primitif. D’ailleurs, aucune voix ne s’élève contre ce recul tellement préoccupant et alarmant.

    Jean Saunier

     

    P.S.: Je laisse la responsabilité de ses dires à l'auteur (NDLR)

     

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  • Le journal Le Monde justifie la rééducation des masses contre le populisme

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    Ce 5 janvier, Philippe Bernard, éditorialiste au Monde affirme tranquillement que le populisme est une sous-culture de personnes sans éducation. Aveuglement, racisme de classe, arrogance intellectuelle, mépris, intolérance mais plus grave encore, soutien à une rééducation politique des masses interdisant la liberté de soutenir des idéaux populistes dans un article intitulé:

    "Le populisme est aussi une crise de l’éducation".

    ("Le populisme est aussi une crise de l’éducation")

    Et le sous-titre est sans ambiguïté: "Alors que la scolarisation n’a jamais été si massive, les démagogues, de Trump à Le Pen, ont le vent en poupe". Ces personnalités ne sont pas légitimes, leurs choix politiques ne sont pas respectables et leur démagogie triomphe dans un monde où l’éducation ne fait plus son travail. Quelques précisions s’imposent, car, Philippe Bernard semble être victime de ses choix idéologiques, mais lui aussi marqué par une inculture étonnante, où alors serait-il l’adepte de la fake news et de la manipulation des masses? Clarifions.

    Le populisme est une théorie politique démocratique contre l’excès de pouvoir des élites

    Au cas où Philippe Bernard ne le saurait pas, lui, l’éditorialiste dans notre plus grand journal sans beaucoup de lecteurs, mais plein de subventions publiques, le populisme est une théorie politique née aux Etats-Unis à la fin du 19e siècle:

    "Le terme "populiste" aux États-Unis fait directement référence au mouvement fermier et anti-monopole des années 1890, formé dans un contexte de chute des prix agricoles. D’abord implantés dans les États ruraux du Sud et de l’Ouest américain, les populistes rassemblaient fermiers, artisans et ouvriers autour d’un programme pour les droits des travailleurs. À cette époque, l’industrie américaine était organisée en monopoles détenus par de grands capitaines d’industrie, tels que John Rockefeller (pétrole), Cornelius Vanderbilt (chemins de fer) ou Andrew Carnegie (acier)".

     (Le populisme aux États-Unis du XIXe siècle à Donald Trump | vie-publique.fr)

    Quelques articles de politistes, historiens et sociologues confirment bien que le populisme made in USA est une révolte démocratique des populations luttant contre la concentration du pouvoir économique dans des oligarchies du début du 20e siècle, jugées menaçantes contre les institutions, du fait de leur puissance d’influence: "La particularité étatsunienne réside aussi dans le fait que le populisme y est historiquement associé à des mouvements progressistes, à l’inverse des démocraties européennes où la très grande majorité des populismes sont de droite".

    in Populismes dans les Amériques, Luc Capdevila, François Vergniolle de Chantal, Jean-Christian Vinel

    (Populismes dans les Amériques)

    Le populisme Américain est bien démocratique au plus haut point, défendant l’indépendance et l’autonomie des populations et des Etats, contre toute extension excessive des pouvoirs fédéraux:

    "Aux États-Unis, le populisme a de profondes racines qui remontent à la fondation du pays. D’un point de vue théorique, les affinités entre le premier pays dont la constitution de 1787 stipule " We The People…Do " et le populisme, qui revendique les principes de base de la démocratie (règle majoritaire et souveraineté populaire), confirment à quel point le populisme suit en effet la démocratie comme son ombre (Arditti, 2004)".

    in Populismes dans les Amériques, Luc Capdevila, François Vergniolle de Chantal, Jean-Christian Vinel

     (Populismes dans les Amériques)

    Je peux multiplier les références en grand nombre, mais il y a accord sur l’identité du populisme américain, très loin de la démagogie et de la médiocrité intellectuelle projetée par notre brillant éditorialiste, un tantinet inculte au passage, ou de mauvaise foi:

    "Nous avions l’intuition qu’il était associé abusivement à l’extrême droite, alors que l’expérience concrète lui permet de se greffer sur toutes les idéologies. Et nous pensions que les Etats-Unis étaient un terrain idéal pour le démontrer. Si des figures variées et originales de la vie politique américaine confirment l’intérêt d’une telle approche, il serait réducteur de ne pas se demander si la structure même du pouvoir aux Etats-Unis implique une vie politique inévitablement populiste, notamment en raison de la relation entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés, dès les origines".

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