Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

MANDARINE

  • Bientôt la guerre ethnique en France?

    Imprimer

    image générée par I.A.

    Ce texte est le résumé et la traduction de deux articles intitulés " Guerre civile à l’Ouest " de David Betz • King’s College London, Département d’études sur la guerre Military Strategy Magazine, printemps et été 2022

    PREMIERE PARTIE

    L’Europe est un jardin

    "Nous avons construit un jardin. Tout fonctionne. C’est la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l’humanité ait jamais réalisée — ces trois éléments ensemble… Le reste du monde, pour la plupart, est une jungle… "

    C’est ce qu’a déclaré le chef des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, à Bruges en octobre 2022. Les futurs dictionnaires pourront citer cette déclaration comme un exemple parfait d’hybris.

    En effet, la principale menace pour la sécurité et la prospérité de l’Occident aujourd’hui ne vient pas de l’extérieur, mais de son propre déclin: instabilité sociale désastreuse, déclin structurel et économique, appauvrissement culturel et, à mon avis, pusillanimité de ses élites. Certains universitaires ont commencé à tirer la sonnette d’alarme, comme Barbara Walter avec How Civil Wars Start—and How to Stop Them.

    Pourtant, le domaine des études stratégiques reste largement silencieux sur la question, ce qui est étrange, car celle-ci devrait être une préoccupation majeure. Pourquoi est-il légitime de percevoir le risque croissant de conflits internes violents en Occident? Quelles stratégies et tactiques seront probablement employées dans les guerres civiles à venir, et par qui? Ce sont les questions que j’aborderai dans cet essai.

    CAUSES

    La littérature sur les guerres civiles s’accorde sur deux points. Premièrement, elles n’affectent pas les États riches. Deuxièmement, les nations dotées d’une stabilité gouvernementale en sont largement préservées. Il existe des nuances quant à l’importance du type de régime, mais la plupart des experts s’accordent à dire que les démocraties perçues comme légitimes et les autocraties fortes sont stables. Dans les premières, les citoyens ne se rebellent pas parce qu’ils font confiance au système politique pour fonctionner de manière globalement juste. Dans les secondes, ils ne le font pas parce que les autorités identifient et répriment les dissidents avant qu’ils n’aient une chance d’agir.

    La factionnalisation est une autre préoccupation majeure, mais les sociétés extrêmement hétérogènes ne sont pas plus sujettes à la guerre civile que les sociétés très homogènes. Les coûts élevés de coordination entre les communautés dans les premières atténuent en effet la formation de mouvements de masse. Les sociétés les plus instables sont celles qui sont modérément homogènes, surtout lorsqu’un changement perçu dans le statut d’une majorité historique — ou d’une minorité significative — lui donne les moyens de se révolter seule. En revanche, dans les sociétés composées de nombreuses petites minorités, la stratégie du "diviser pour régner" peut être un mécanisme efficace de contrôle de la population.

    Dès 1991, Arthur Schlesinger soutenait dans The Disuniting of America que le "culte de l’ethnicité" mettait de plus en plus en danger l’unité de la société. Cette analyse s’est révélée prémonitoire.

    Prenons les conclusions frappantes du Baromètre de confiance Edelman au cours des vingt dernières années: " La méfiance est désormais l’émotion par défaut de la société". La situation aux États-Unis, comme le montrent des recherches connexes, est particulièrement préoccupante. En 2019, avant même l’élection contestée de Biden et l’épidémie de covid, 68% des Américains estimaient urgent de restaurer les niveaux de "confiance" dans la société et le gouvernement, la moitié d’entre eux affirmant qu’une  "maladie culturelle" était à l’origine de cette érosion.

    Sur le plan sociologique, cet effondrement de la confiance reflète une chute du "capital social", qui agit à la fois comme une "super-colle" favorisant la cohésion sociale et comme un "lubrifiant" permettant à des groupes par ailleurs disparates de coexister. Personne ne conteste ce déclin, ni ses conséquences malheureuses.

    Les désaccords portent plutôt sur ses causes. L’ancienne chancelière Angela Merkel a un jour pointé directement du doigt le multiculturalisme, déclarant qu’en Allemagne, il avait "totalement échoué" — une idée reprise six mois plus tard par le Premier ministre britannique David Cameron, qui a précisé:

    "Il ghettoïse les gens en groupes minoritaires et majoritaires sans identité commune". De telles déclarations, émanant de dirigeants centristes de grands États occidentaux apparemment stables, ne peuvent être facilement rejetées comme de la démagogie populiste.

    Par ailleurs, la "polarisation politique" a été amplifiée par les médias sociaux et la politique identitaire. La connectivité numérique tend à pousser les sociétés vers une profondeur et une fréquence accrues de sentiments d’isolement au sein de groupes d’affinité de plus en plus étroits. Chacun de ces groupes est protégé par des "bulles de filtres", des membranes idéologiques soigneusement construites et constamment renforcées par une curation active et passive de la consommation médiatique.

    Lire la suite

  • Inégalités salariales: comme tous les ans,

    Imprimer

    les féministes racontent n’importe quoi

    Image générée par I.A.

    Tous les ans, c’est la même rengaine: les médias grands publics reprennent, avec une certaine complaisance, des chiffres à la méthodologie douteuse pour perpétuer le mythe d’une oppression systémique entre hommes et femmes.

    Ces chiffres proviennent du collectif féministe Les Glorieuses: les femmes travailleraient gratuitement à partir du 10 novembre, 11h31. Il se fonde sur les différences de rémunération entre hommes et femmes travaillant à temps plein dans des entreprises de plus de 10 salariés du secteur public et du secteur privé, ce qui n’a aucun sens: le chiffre de 14,2% (c’est l’écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes à temps plein, dans les secteurs public et privé, pour les entreprises de plus de 10 salariés) ne dit rien du secteur d’activité, du domaine de spécialité, de l’emploi occupé ou encore des spécificités individuelles qui expliqueraient ces mêmes différences.

    Le collectif Les Glorieuses le reconnaît: "les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel, moins rémunérés, ou dans les secteurs sous-valorisés".

    Ces choix sont-ils empreints de stéréotypes et de biais sociaux? Bien entendu, on ne peut jamais l’exclure, mais cela revient à omettre un point crucial: l’investissement parental est nécessairement plus grand en tant que mère, ne serait-ce que physiquement (n’en déplaise aux déconstructivistes, seules les femmes peuvent tomber enceintes), mais aussi psychologiquement, et cet investissement est propre à une réalité biologique avant d’être une quelconque pression de " la société ".

    On peut donc parfaitement supposer qu’être mère de famille et s’investir dans l’éducation de ses enfants a tout simplement plus de valeur, aux yeux de l’écrasante majorité des femmes, que de travailler 70h par semaine dans un bureau pour une rémunération plus élevée.

    Revenons-en aux chiffres: à travail égal, compétence égale et dans une même entreprise, le véritable écart de rémunération est de 3,8%. Cet écart, en apparence inexpliqué, s’explique probablement par le fait que les femmes soient moins assertives, en moyenne, et osent moins souvent demander une hausse de rémunération. Si on en prend conscience, cette situation n’a rien d’indépassable.

    Trouver une solution impliquerait qu’il y ait un problème. Le vrai problème est le suivant: la rhétorique victimaire qui entretient l’idée selon laquelle les hommes seraient un obstacle à l’émancipation des femmes. Les femmes ne sont pas des enfants ayant besoin d’être surprotégés. Elles sont avant tout des individus libres et responsables. S’il y a bien une oppression, c’est celle de l’État: le salarié moyen français travaille pour lui 7 mois par an et il n’en a toujours pas pour son argent.

  • L’identité est-elle un péché?

    Imprimer

    L'identité a mauvaise presse, dans un certain discours catholique comme chez les progressistes. Elle est pourtant un canal privilégié de la grâce.

    Par Laurent Dandrieu

    Il y a quelques semaines, la messe du mercredi des Cendres, qui marque l’entrée des chrétiens dans le carême et la montée vers Pâques, a connu dans la plupart des églises catholiques une affluence inhabituelle. De nombreux jeunes, notamment, se sont pressés à cette cérémonie qui n’est pourtant pas la plus festive du calendrier liturgique, où les fidèles sont marqués d’une croix de cendres pour leur rappeler leur condition de créature mortelle et de pécheur; confirmant ainsi le regain d’intérêt des jeunes générations pour la foi catholique, qui se manifestera à Pâques par une nouvelle progression du nombre de baptêmes d’adultes et d’adolescents.

    Invité à se prononcer sur les causes de ce phénomène par le journal la Croix, le père Benoist de Sinety avance cette explication: " La progression dans la société du phénomène du ramadan provoque, non pas comme une réponse militante, mais comme une prise de conscience des jeunes de culture chrétienne qu’ils ont un chemin sur lequel ils peuvent avancer spirituellement. […] L’incertitude et l’uniformisation qui caractérisent notre époque appellent à des manifestations d’une identité propre".

    DES FORMULES-VALISES

    Identité: le mot surprend dans la bouche de celui qui a signé naguère un livre manifeste pour l’accueil inconditionnel des migrants, tant il fait, depuis des années, de la part de la bien-pensance cléricale, l’objet d’un rejet viscéral, assimilé, notamment en lien avec la question migratoire, à une attitude de fermeture, d’exclusion, de repli sur soi. Sur ce plan-là, la hiérarchie catholique, pape François en tête, s’est souvent alignée sur la doxa progressiste, où les expressions “repli identitaire” ou “crispation identitaire” font de longue date partie de ces formules-valises qui permettent de diaboliser sans trop avoir à réfléchir.

    L’Église se rappelle que le christianisme n’est pas un individualisme: il se vit en communauté, et dans une communauté particulière.

    L’Église est allée, ces dernières décennies, jusqu’à tenir en suspicion ceux qui se tournaient vers elle parce qu’ils y voyaient un moyen de renouer avec leur identité collective, en une sorte de patriotisme spirituel: qualifiés avec dédain de “catholiques identitaires”, ils étaient soupçonnés d’instrumentaliser et de détourner la foi en la subordonnant à des visées politiques. Il est donc bon que certains clercs, à l’instar du père Sinety, s’avisent que cette quête d’identité peut être aussi un canal de la grâce et le chemin d’une conversion authentique. Et qu’à l’heure où le wokisme sacralise les micro-identités individuelles pour mieux stigmatiser les appartenances collectives, notamment nationales, l’Église se rappelle que le christianisme n’est pas un individualisme: il se vit en communauté, et dans une communauté particulière.

    LA NATION MENE A L’UNIVERSEL

    L’identité du chrétien est aussi façonnée par son identité nationale et l’on n’est pas chrétien de la même façon en France ou en Allemagne, en Italie ou au Chili, au Viêtnam et au Burkina Faso. On commémorait, la semaine passée, les vingt ans de la mort de Jean-Paul II, dont le dernier livre, et l’un des plus beaux, s’appelle justement Mémoire et identité. Le pape polonais y insistait notamment sur l’importance de l’identité nationale dans la vie spirituelle. Rappelant que Dieu a choisi de s’incarner dans la nation juive pour se révéler au monde entier, Jean-Paul II soulignait que c’est par le truchement de sa nation particulière que passe, pour chaque homme, le chemin de l’universalité de la grâce: tirant de l’Écriture sainte ce qu’il appelait "une authentique théologie de la nation", il n’hésitait pas à écrire que " l’histoire de toutes les nations est appelée à entrer dans l’histoire du salut ".

    L’HISTOIRE DE CHAQUE NATION EST UNE HISTOIRE SAINTE.

    Alors que certains, dans l’Église, semblent vouloir l’avènement d’un christianisme hors-sol, apatride, où le chrétien serait libéré de tout attachement historique, culturel et national comme du péché originel de l’identité, il faut au contraire se rappeler avec Jean-Paul II que l’histoire de chaque nation est une histoire sainte et que nos identités particulières ne sont pas des prés carrés qu’on chercherait à sauvegarder par une forme d’égoïsme et de “repli identitaire”, mais au contraire des trésors spirituels offerts à l’humanité tout entière.