L’Orient fantasmé de Mélenchon à l’épreuve des faits historiques (03/07/2025)

Mercredi 18 Juin 2025. Lors d’une conférence de presse sur la situation au Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon compare les pays arabes et les Francs pendant le Moyen Age.

Ceux qui " regardent le monde arabe comme étant obscurantiste, c’est qu’ils ne le connaissent pas … la longue histoire, ce n’est pas que pour nous les Français, avec le roi Dagobert qui mettait sa culotte à l’envers … Les autres (les pays arabes) la mettaient l’endroit et inventaient les maths. Donc disons qu’il y avait une différence de niveau …

A chaque fois que je dis ça, j’ai droit à des commentaires de fachos qui déplorent que " Mélenchon vient encore nous dire que c’est l’Orient qui nous a instruits ". Je le dis non pas parce que j’en ai envie, mais parce que c’est un fait … C’est lui (Saladin) qui vous appris comment on faisait les vitraux et qui vous a appris les maths ".

 

Mélenchon, en bon mondialiste cosmopolite, multiculturaliste, soutient cette thèse: l’origine arabe de la civilisation musulmane, et son influence sur la civilisation occidentale, les racines islamiques de la civilisation occidentale. En fait, de nombreux éléments de la civilisation arabo-musulmane sont empruntés aux peuples conquis, convertis ou assujettis.

Les architectes arabes ont conçu des bâtiments défiant les lois de la pesanteur avec de nombreux dômes et voûtes dans les lignes, une forme parabolique au lieu d’une forme sphérique dans les structures. Les progrès scientifiques nécessaires à des réalisations sont fréquemment attribués aux Arabes.

Pourtant, cette percée architecturale fondamentale a été faite par les Assyriens, plus de 1 300 ans auparavant, comme les sources archéologiques le démontrent.

Sainte-Sophie de Constantinople a été inaugurée en 537. Elle se caractérise par une gigantesque coupole de 56 m de hauteur et de 32 m de diamètre. Elle est transformée en mosquée en 1453. Elle représentait un défi architectural pour les Musulmans. Plusieurs architectes musulmans furent exécutés pour ne pas avoir réussi à égaler Sainte-Sophie.

Koca Mimar Sinan (1491-1588), un janissaire d’origine chrétienne, converti de force à l’Islam, soldat d’élite, plus grand architecte musulman, écrit dans ses mémoires:

"Les architectes de quelque importance en pays chrétiens se prétendent bien supérieurs aux Musulmans, parce que ceux-ci n’ont jamais rien réalisé qui puisse se comparer à la coupole de Sainte-Sophie. Grâce à l’aide du Tout-Puissant et à la faveur du Sultan, j’ai néanmoins réussi à bâtir, pour la mosquée du Sultan Sélim une coupole dépassant celle de Sainte-Sophie de quatre aunes pour le diamètre et de six pour la hauteur ".

En réalité, Koca Mimar Sinan se trompe (volontairement) dans ces dimensions. De plus, il atteint ce résultat en insérant d’inesthétiques barres de fer horizontales dans le creux des arcades des demi-coupoles latérales, afin de neutraliser les poussées latérales provoquées par la grande coupole. La mosquée de Sélim à Edirne en Turquie, est construite entre 1568 et 1574, plus d’un millénaire après Sainte-Sophie.

On nous raconte que les mathématiciens arabes ont créé l’algèbre et les algorithmes qui ont permis l’avènement de l’informatique. Pour Mélenchon, Saladin (1137-1193), nous a appris les mathématiques.

Non, les bases fondamentales des mathématiques modernes sont établies des centaines d’années avant l’Islam, par les Assyriens (Assyrie, ancienne région du Nord de la Mésopotamie, royaume puissant au IIè millénaire avant Jésus-Christ), et les Babyloniens (Babylone, capitale de la Mésopotamie, actuel Irak).

Assyriens et Babyloniens connaissent déjà le concept de zéro, le théorème de Pythagore, le nombre d’or, ainsi que de nombreux autres développements. L’héritage mésopotamien offre des procédures de calcul permettant la résolution des équations du second degré.

D’autre part, la mathématique indienne se manifeste brillamment dès le Ve siècle avec Aryabhata  (476-550), premier grand mathématicien et astronome indien, et apparaît indépendante de celle des Grecs. Son livre, l’aryabhatya est divisé en quatre parties:

les constantes astronomiques et la table des sinus,

les mathématiques nécessaires aux calculs,

la division du temps et les règles pour calculer les longitudes des planètes,

la sphère armillaire, les règles concernant les problèmes de trigonométrie et le calcul des éclipses

Aryabhata donne une durée de 365 jours, 6 heures,12 minutes, 30 secondes pour l’année.

Il calcule le nombre pi = 3,1416, à 10 puissance – 5 près.

Il estime un rapport astronomique fondamental: nombre de rotations de la terre: nombre d’orbites lunaires = 1 582 237 500: 57 753 336 = 27, 396 469.

Brahmagupta (628-665), autre grand mathématicien indien est sans doute le premier à user des nombres négatifs dans des calculs commerciaux, pour signifier les pertes et profits, à utiliser ces nombres négatifs en algèbre en énonçant la règle des signes.

Il emploie dans ses calculs les chiffres décimaux, graphisme très proche de nos chiffres actuels dits "arabes", et principalement le zéro dont l’apparition en Inde est un pas de géant en algèbre.

Il définit le zéro comme le résultat de la soustraction d’un nombre par lui-même.

Il décrit les résultats d’opérations avec ce nouveau nombre.

Il donne la solution de l’équation générale de degré 2.

Brahmagupta est le premier mathématicien à utiliser l’algèbre pour résoudre les problèmes astronomiques.

Il propose comme durée de l’année: 365 jours, 6 heures, 5 minutes, 19 secondes, puis 365 jours, 6 heures, 12 minutes, 36 secondes.

La vraie longueur des années est d’un peu moins de 365 jours 6 heures.

En Grèce, Thalès de Milet (625-548 avant Jésus-Christ), Pythagore (580-495 avant Jésus-Christ), Euclide (actif vers 300 avant Jésus-Christ), Archimède (287-212 avant Jésus-Christ), sont les plus grands mathématiciens. Ils ne sont pas arabes, ni musulmans.

Les conquêtes musulmanes des Indes commencent en 711-712 avec l’invasion du Sind par les Arabes, se poursuivent aux XIe et XIIe siècles avec l’invasion des Turcs et des Afghans attirés par les richesses des Indous, et s’achèvent avec l’empire moghol au XVIe siècle. L’Inde subit les invasions musulmanes, et les Arabes adoptent les travaux des mathématiciens indiens.

Ces invasions musulmanes successives sont marquées dès le début par des massacres de grande ampleur et la destruction des édifices religieux hindous.

Les empires musulmans se maintiennent pendant près de six siècles. L’islamisation comme conversion des populations est un échec relatif: elle touche une grande masse d’individus, mais reste globalement minoritaire.

Ainsi, les Musulmans s’approprient les importants travaux indiens en mathématiques. Ces travaux sont transmis par les Arabes, les Maures, lors de leurs invasions en Andalousie. Les chiffres de notre système décimal, 0 à 9, dits "chiffres arabes", sont introduits en Europe vers l’an 1000.

En médecine, on nous dit que les savants arabes ont étudié le corps humain, et ont découvert de nouveaux traitements. Une écrasante majorité de ces médecins, 99%, sont des Assyriens.

Aux IVe, Ve, VIe siècles, les Assyriens commencent une traduction systématique des connaissances grecques en assyrien. D’abord, ils se concentrent sur les travaux religieux, ensuite ils s’intéressent à la science, à la philosophie et à la médecine.

Socrate, Platon, Aristote, Gallien, et beaucoup d’autres sont traduits en assyrien, et de l’assyrien en arabe. Ce sont ces traductions arabes que les Arabes apportent avec eux en Espagne, que les Espagnols traduisent en latin et diffusent dans l’ensemble de l’Europe.

Dès le VIe siècle, les Assyriens exportent de nouveau à Byzance leurs propres travaux sur la science, la philosophie et la médecine. Dans le domaine de la médecine, la famille assyrienne de Bakhteesho produit neuf générations de médecins et fonde la grande école médicale de Gundeshapur en Iran. Le manuel de l’Assyrien Hunayn Ibn-Ishaq (704-767), sur l’ophtalmologie, écrit en 950, reste le manuel de référence sur le sujet jusqu’en 1800.

Au IVe siècle, les Assyriens fondent la première université au monde, l’école de Nisibis, qui a trois départements: théologie, médecine et philosophie. Elle devient un aimant et un centre du développement intellectuel dans le Moyen Orient. Les statuts de l’école de Nisibis sont préservés et deviennent le modèle sur lequel la première université italienne est établie.

Quand les Arabes et l’Islam envahissent le Moyen Orient en 630, ils rencontrent 600 ans de civilisation chrétienne assyrienne, avec un héritage riche, une culture fortement développée, et des établissements d’études avancés. C’est cette civilisation qui devient la base de la civilisation arabe.

On nous raconte encore que les astronomes arabes ont étudié le ciel, nommé les étoiles et préparé le terrain à l’exploration de l’espace.

 

En fait, ces astronomes ne sont pas des Arabes, mais des Chaldéens et des Babyloniens, savants réputés pendant des millénaires. Chaldéens, habitants d’une région en Mésopotamie, entre l’Euphrate et le Tigre; Babyloniens, habitants de Babylone, ville située sur l’Euphrate, dans l’Irak actuel. Ces peuples sont arabisés et islamisés de force, tellement rapidement que, dès le VIIIe siècle, ils disparaissent complètement.

L’exemple suivant illustre la façon dont les Arabes empruntent aux peuples soumis. En l’année 772, le calife Al-Mân (714-775), reçut en audience un homme originaire de l’Inde, qui connaissait à fond le calcul appelé " Sindhind " relatif au mouvement des étoiles. De plus, cet homme avait dans un livre comprenant douze chapitres, des équations astronomiques faites au moyen de sinus droits calculés à un quart de degré près, des procédés divers pour prédire l’avenir d’après les éclipses solaires et lunaires et les ascensions des signes zodiacaux …

Il disait que c’était là le résumé des sinus astronomiques attribués à un monarque hindou appelé Kabagar, calculés à une seconde près. Al Mânsûr ordonna de traduire ce livre en arabe et d’en tirer un traité que les Arabes prendraient comme ouvrage fondamental dans l’étude des mouvements stellaires.

Muhammed al-Fazâri se chargea de ce travail et conçut l’ouvrage connu chez les astronomes, sous le titre d’as-Shindhind al Kabir = le Grand Sindhind. Ce mot signifie en sanscrit, langue morte indienne, " temps infini ".

Les savants de cette époque se servirent de ce traité jusque sous le règne de Al-Ma’mûn, règne de 813 à 833. A ce moment, Al-Khwarizmi (783-850), en fit un abrégé pour ce prince et en tira sa table fameuse dans tout le monde musulman.

Une recherche intitulée " Comment la Science grecque est passée aux Arabes " énumère les principaux traducteurs de la Science grecque. Des 22 disciples énumérés, 20 sont des Assyriens, 1 est persan, et 1 est arabe. Ce sont donc les Assyriens qui tiennent le rôle principal dans la formation du monde islamique en transmettant les connaissances grecques.

Contrairement à ce qu’affirme un conformisme à la mode, et dont se nourrit Mélenchon, il n’y a pas de science arabe. Aucune science ne vient des Arabes, même si le vocabulaire leur attribue une paternité présumée. Le chiffre qui est dit abusivement " arabe " est indien. " Algèbre " est un mot tiré de l’arabe, comme d’autres, mais sa " source première a été l’Inde". La chimie est un mot tiré de l’arabe, mais qui remonte à l’Égypte ancienne. L’astronomie est perse, la géométrie est chinoise … Il n’y a pas non plus de médecine arabe. Le canon d’Avicenne, qui fera autorité jusqu’au XVIIe siècle, est chinois.

Les traductions arabes ne sont pas faites sur les originaux des philosophes grecs. La culture grecque qui atteint les Arabes leur est transmise par les gnostiques, notamment les hérétiques jacobites syriaques. La philosophie en milieu islamique naît après que les ouvrages grecs de philosophie ont été traduits en langue arabe, dès le IXe siècle.

Il ne peut donc pas y avoir de transmission par les Arabes et l’Islam des philosophes de l’Antiquité. Il est inexact d’accorder à la philosophie arabe le retour de la philosophie grecque.

 Un mensonge culturel consiste à attribuer aux Arabes le retour de la philosophie grecque, notamment d’Aristote. Aristote devient LE philosophe en Orient, quatre siècles avant l’Europe. Pourtant, les Arabes ne connaissent pas la version grecque d’Aristote, mais la traduction en syriaque, c’est-à-dire Aristote traduit et commenté par les gnostiques néo-platoniciens.

Certes, avec la Chine, l’Inde, la Perse, la Mésopotamie, l’Égypte, l’Orient a connu de grandes Civilisations et de grands savants. Mais depuis la Grèce antique, c’est la civilisation occidentale qui par ses progrès a permis le décollage de l’humanité, lentement d’abord jusqu’au XVIIIe siècle, avec la France, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, puis très rapidement avec en plus les États-Unis et la Russie.

Les Arabes n’ont rien apporté à la civilisation occidentale, ni dans le domaine scientifique, ni en philosophie, car il n’y a pas de culture arabe, ni de culture musulmane, n’en déplaise à Mélenchon.

Il n’y a pas de culture arabe transmise par l’Islam à l’Occident. D’abord, la science et la philosophie n’ont jamais quitté les monastères en Occident. Ensuite, en Orient, en deux siècles de barbarie, les Musulmans ont détruit toutes traces de culture, dont les monuments et les bibliothèques. Les Arabes ont fait table rase du passé occidental et chrétien.

Mélenchon, ancien élève du lycée Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier, puis étudiant à l’université de Besançon, en lettres modernes et en philosophie, n’a pas bien retenu les leçons de ses professeurs. On s’appuie sur des documents, sur des faits historiques, et non sur des racontars, non en s’alignant sur une ligne doctrinale. Mélenchon déconstruit notre histoire, il réécrit notre histoire, il salit notre histoire, à des fins idéologiques cosmopolites inconciliables avec la vérité.

Est-il conscient du mensonge qu’il profère?

Jean Saunier

 

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