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La réalité des nations européennes et surtout celle de la France

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Progressivement depuis plusieurs années, le nom des nations européennes se fait de plus en plus rare dans le discours convenu de certains de nos médias mainstream. On nous parle de l’Europe, ou encore des Européens et de l’Union européenne mais de moins en moins de l’Allemagne, de l’Italie ou de la France.

Est-ce anodin? Certainement pas. Ce sont des éléments de langage utilisés à dessein pour orienter notre opinion, Or, depuis de Gaulle, le débat pour le choix de l’Europe n’a jamais vraiment eu lieu.

LES BONDS DE CABRI

Lors de la campagne présidentielle de 1965, interrogé par le journaliste Michel Droit, de Gaulle donne son point de vue sur la construction européenne avec la faconde qui est la sienne: il se moque notamment de tous ceux qui, comme aujourd’hui, veulent toujours plus d’Europe comme remède universel à tous nos maux et les décrit "faisant des bonds de cabri sur leur chaise en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe!".

Cette image est restée en mémoire et elle résumait tout le problème. D’un côté ceux qui rêvaient de faire les Etats-Unis d’Europe, arguant que l’avenir appartenait au grands ensembles supranationaux (et probablement, même s’ils n’osaient pas encore le dire ouvertement) à un monde unifié libéré de toute frontière car c’était leur véritable objectif, et de l’autre des peuples attachés à leur origine, à leur patrie et surtout à leur souveraineté.

QU’EST-CE QUE L’EUROPE?

En mai 2024, juste avant les élections européennes, Julien Barroche fait une bonne synthèse de cette épineuse question: " La construction européenne est incontestablement portée par une logique fédérale, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle s’achemine à terme vers la forme d’un État fédéral. Présente chez les pères fondateurs de l’Europe, au premier rang desquels Jean Monnet, une telle perspective semble d’ailleurs avoir très vite été abandonnée, du fait notamment de la résistance farouche de certains États. Lorsque Jacques Delors parlait de " fédération d’États-nations " au milieu des années 1990, il indiquait bien l’abandon d’un tel horizon en signifiant que les entités politiques composantes de l’Union n’avaient en rien vocation à disparaître. Par ailleurs, le modèle de l’Europe des États-nations, s’il structure de bout en bout le processus d’intégration, ne rend pas raison de son irréductible spécificité. Il oscille en définitive entre ces deux pôles selon un dosage complexe qui varie en fonction des domaines de compétence – ce que rend assez bien l’expression de Jacques Delors.

S’ajoute ici une difficulté, qui réside dans le rapport très disparate que les différents États membres, en raison de la pesanteur des traditions nationales et de la diversité des expériences historiques, entretiennent avec la souveraineté. À se reporter à la genèse de la construction européenne, il est frappant de relever le contexte d’hostilité à la souveraineté de l’État dans lequel a été conçu le projet d’intégration. La souveraineté des États aurait conduit au nationalisme, au fascisme et à la guerre. Les empêcher de ressurgir et affermir la paix supposaient censément de dépasser le monde de la souveraineté. Avec ce paradoxe que les pères fondateurs ont pour certains été portés à reproduire au niveau européen le modèle classique de l’État national via la création d’un super État".

Entre 1965 et 2024, un certain nombre d’événements s’étaient produits sur un plan strictement européen, comme l’adoption du Traité de Maastricht en 1992 (plus fédéraliste, tu meurs!) mais également l’entrée massive dans l’Union européenne d’autres pays notamment situés plus à l’Est et ayant retrouvé leur liberté après l’éclatement de l’URSS en 1991 sans pour autant résoudre la question qui, naturellement, allait se reposer.

Le Traité constitutionnel, un échec cinglant pour les fédéralistes

C’est en 2005 que les choses se gâtèrent pour les euro-fédéralistes, notamment en France, mais pas uniquement. Le référendum qui proposait l’adoption d’un traité constitutionnel (constitution européenne qui ne voulait pas dire son nom) rencontra une franche opposition des Français qui votèrent Non à 55%. La logique démocratique aurait dû conduire à l’abandon du  projet. Ce ne fut pas le cas et la façon d’agir des européistes jeta un énorme trouble dans la population française lorsqu’elle découvrit qu’on l’avait bernée. Pourtant les euro-fédéralistes évoluant vers l’Euro-mondialisme ont continué d’avancer leur pions.

En 2020, Pascal Lamy, qui fait partie de cette élite répondait à la question posée de la façon suivante: "N’y a-t-il pas une influence de votre parcours et de votre expérience de la mondialisation sur cette notion?

Oui, bien sûr, c’est une longue histoire. Cette intuition m’est venue petit à petit. L’avantage d’avoir commencé dans une école de commerce ou à l’Inspection des finances est d’avoir été vite porté à m’intéresser aux résultats, à ce que produisent les systèmes, aux effets qu’ils ont, plutôt qu’à leurs formes, aussi parfaites soient-elles du point de vue de l’esthétique conceptuelle.

J’ai été aussi confronté très tôt à l’absence de fonctionnement du système international. J’ai eu le très grand privilège d’être sherpa, très jeune, dans le Groupe des sept (G7), qui constituait déjà une tentative de réponse, mais qui a échoué – tout comme d’ailleurs le G20, qui est aussi dans l’impasse aujourd’hui…

Ces tentatives cherchaient à dépasser le système diplomatique en établissant des contacts au plus haut niveau, sans les intermédiaires classiques. Les chefs d’État et de gouvernement avaient envie de se débarrasser pour un moment des attributs qu’on leur confère, dans lesquels ils opèrent et ils se sentent corsetés. Mais c’était une menace existentielle pour le système westphalien qui a fini par reprendre le contrôle de ce canal direct de discussion "au coin du feu", comme on disait, entre des grands chefs qui dérangeait les habitudes.

 

Ces paroles sont assez sidérantes car elles manifestent clairement le peu de cas que l’on fait des peuples et de leur souveraineté. Au moment où elles ont été prononcées, Donald Trump venait de perdre l’élection américaine de 2020 et il est probable que les mondialistes partisans d’un gouvernement mondial  reprenaient alors confiance dans l’avenir de leur projet auquel Trump avait porté de rudes coups. Voici ce qu’écrivait David Rockefeller dans ces mémoires et qui doit être médité:

" … désormais le monde est préparé pour un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés".

LA FRANCE DOIT REPRENDRE SON DESTIN EN MAIN

L’accélération de l’histoire est prodigieuse depuis cinq ans. Les événements se sont succédé à un rythme rapide entre le COVID, la guerre en Ukraine et plus récemment la réélection de Donald Trump. Le monde est en train de changer à une vitesse fulgurante et les pays qui ne s’adapteront pas à cette nouvelle donne en subiront les conséquences. Le monde de 1991 et de la " fin de l’histoire " est en train de disparaître. Le grand projet de gouvernement mondial n’a plus aucun sens aujourd’hui. Les euro-mondialistes ont toujours combattu la vision gaullienne d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural alors que le règne globaliste des puissances maritimes est en train de s’estomper au profit d’un autre ordre mondial multipolaire qui est en train de naître et qui va redonner vie aux souverainetés nationales. La question du fédéralisme européen, indispensable dans un monde globalisé, n’a plus de sens aujourd’hui. Remarquons au passage la clairvoyance d’un de Gaulle qui avait entrevu tout cela et s’était efforcé de donner à la France les moyens d’exercer pleinement son rôle de puissance d’équilibre dans ce nouveau monde westphalien.

Tout semble encore possible, mais il y a un préalable essentiel et incontournable  que de Gaulle évoque dans son discours de Bruneval: " Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la nation et se disqualifie l’État, la masse immense des Français se rassemblera sur la France. "

Jean Goychman

 

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