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Les trois causes de l’endettement Français - 2

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J’ai abordé le mensonge de l’État sur la dette publique (Le mensonge d’État sur la dette publique – Riposte Laique) en promettant d’en expliquer aujourd’hui les trois principales causes.

LA CROYANCE EN L’ETAT PROVIDENCE

La première cause est une croyance tenace qui fascine les Français pour les secours de l’Etat. L’Etat est notre nouveau Dieu. Il est omniscient, protecteur, bienfaiteur. Il est indispensable en toute chose: neutre, arbitre, régulateur, pacificateur, etc. Le Français s’en remet toujours à l’Etat. Il renonce à sa liberté comme à sa responsabilité pour demander à l’Etat de faire, de régler le problème, d’investir, de lui offrir des services auxquels il aurait droit.

De cela est née une doctrine de l’Etat fort et envahissant, d’un Etat qui décide, qui normalise, qui contrôle, qui agence, qui fait. Pour cela il lui faut toujours plus de pouvoir, de fonctionnaires, d’établissements publics, d’agences, de commissions. Il lui faut de multiples rouages administratifs: les communes, les intercommunalités, les départements, les régions, l’Etat lui-même.

Et il lui faut toujours plus de ressources. Nous sommes drogués à la croyance que l’Etat est nécessaire dans toutes ces actions. Il a le devoir d’intervenir dans tous les domaines pour mieux faire que nous autres: l’école, l’hôpital, l’agriculture, la culture, l’innovation, etc. En ayant cette croyance chevillée au corps, nous avons construit le Léviathan qui se nourrit de cette justification permanente. L’Etat doit se substituer à la société civile, parce que ce sera mieux fait et plus juste. Et chacun profite un jour de quelques subsides.

Rien n’a jamais prouvé que cela était mieux. Et tout indique depuis 50 ans que cette conception socialiste de l’Etat nous a ruiné.

Elle nous coûte plus de 3.000 milliards de dette depuis 1974 dont 1.000 milliards lors de ces 7 dernières années et 1.000 autres milliards lors des onze années précédentes (2008-2019). En moins de 20 ans, alors que tous les services gérés par l’Etat sont en ruine, nous nous sommes endettés de 2.000 milliards. Et nous entendons encore hier Darmanin, garde des Sceaux, exiger plus de magistrats et d’auxiliaires de justice pour garantir une justice plus rapide et efficace. On apprend que nous fermons nos dernières usines, etc. Quand on préfère toujours suradministrer au lieu de s’attaquer aux causes profondes de la faillite de l’Etat.

Soit les Français perpétuent cette folle croyance que l’Etat est l’acteur principal de la vie de tous les jours jusqu’à le voir sombrer en faillite ; soit ils comprennent qu’il s’agit d’un choix idéologique vicieux qui les prive de leurs libertés comme de leurs responsabilités à se prendre en charge. La nouvelle Révolution française doit cantonner l’Etat à trois fonctions régaliennes: police, armée, justice. Le reste ne lui appartient pas. Sommes-nous capables de reprendre librement en main notre destin?

L’ESCLAVAGE DE LA SOLIDARITÉ NÉGATIVE

Malheureusement, j’en doute beaucoup, car le piège du socialisme d’Etat fonctionne grâce à cette deuxième croyance, cause de notre dette. C’est la déresponsabilisation de chacun au profit d’une prise en charge universelle. L’Etat indemnise, l’Etat protège, l’Etat assiste, finance, accompagne. Même les chefs d’entreprise ont pris l’habitude de mendier des aides lorsqu’ils sont en difficultés, même les banquiers de 2008 sont sauvés par l’aide de l’Etat en vertu de la sentence: privatiser les gains, mutualiser les pertes.

Les Français sont devenus en de nombreuses circonstances des passagers clandestins qui profitent des systèmes d’aide (leurs droits) sans imaginer qu’ils contractent une dette sociale qui pourrait exiger des contreparties. L’aide aux entreprises, l’aide à l’emploi, l’aide à domicile, l’aide aux personnes âgées, l’aide au migrants, l’aide à la scolarité. Ce socialisme de fait justifie la confiscation des richesses produites pour les redistribuer d’autorité selon le bon vouloir du législateur, lui-même lié à ses clientèles: immigrés, chômeurs, entreprises, selon sa circonscription. Cette dette reflète cette corruption permanente du quotidien où beaucoup d’entre nous estiment normal d’étendre à l’infini la solidarité nationale.

Cette solidarité fut imaginée pour pallier les accidents réels de la vie: maladie, accidents graves du travail par les corporations dès le Moyen Âge. Elle profitait aux membres adhérents. Elle est devenue la folie socialiste d’une sécurité sociale bénéficiant à tous, même les non-contributeurs et d’une multiplication des aides d’Etat. Le coup de grâce idéologique a sans doute été donné par Macron durant la crise de la Covid. Enfermons tout le monde, arrêtons tous de travailler ou presque. L’Etat paiera, et comme le professa Hollande, son maître: C’est l’Etat qui paie, donc cela ne coûte rien. Tout est dit de cette doctrine socialiste qui a contaminé tous les esprits de France.

Si chacun d’entre nous a un droit de tirage infini sur l’argent public, sans aucun engagement, la dette cumulée est bien celle que nous avons. À propos, l’autre jour, une jeune femme me racontait qu’elle était à un dîner de famille. Trois retraités, un enfant actif, trois petits-enfants à charge, mais aussi trois enfants inactifs et des conjoints inactifs aussi. Outre l’enfant actif, une pièce rapportée, un bon gars de Roumanie, salarié du bâtiment. Dans cette famille, deux actifs dont un étranger, pour neuf adultes à charge et trois enfants. Le modèle est viable, n’est-ce pas!

Cette solidarité négative agit comme un anesthésique social. Plus personne ne se prend en charge, plus personne ne se sent responsable de son destin économique, plus personne ne comprend que le travail est nécessaire, tous adoptent la thèse de l’assistance de l’Etat. Et quelques-uns vont dans quelques trafics rémunérateurs, dont la drogue, qui vont miner la société.

LE PRIX DU LAXISME UNIVERSEL

Le socialisme se caractérise enfin par une troisième croyance très permissive issue de la pensée 68. Tout est permis. C’est la croyance que la permissivité est créatrice, que la transgression fabrique du progrès, que l’émancipation humaine passe par l’autorisation de tout faire: ne pas respecter le maître d’école, ne pas respecter les lois, s’affranchir des règles communes, excuser toutes les déviances: commerciales, morales, sexuelles, etc.

Les entrepreneurs qui trichent avec les plus élémentaires principes de la confiance: produire des biens consommables et sans dangers manifestes, les parents qui humilient les professeurs pour défendre leur progéniture chaotique, les migrants et leurs associations qui exigent toujours plus de droit à quelque chose, les trafiquants de toutes sortes qui menacent la paix civile sans courir de risque réel, etc.

Or, ce laxisme à un prix prohibitif. Quand Darmanin veut plus de magistrats, c’est que nous avons déjà 80.000 prisonniers de droits communs. Quel échec. Mais nous avons aussi une école à la dérive, un classement Pisa désastreux, des enfants nuls en math, en français ; sans oublier l’université paralysée, les hôpitaux saturés, etc.

Cette inversion des valeurs bien connue produit un corps enseignant épuisé, inefficace, et une école toujours plus onéreuse, pour un résultat catastrophique. Chaque ministère est comparable: pléthorique, inefficace, contre-productif même. La société dysfonctionne et engendre des dépenses inutiles: les soins aux drogués, les centres de rétention, les coûts du maintien de l’ordre, les grèves. Bref, c’est tout le cortège de désordres d’une société obnubilée par les libertés et les droits qui s’exercent au prix d’une prise en charge par la société. Pensons à la proposition de prise en charge des opérations transgenre de mineurs et de leurs traitements induits à vie, alors qu’il ne s’agit pas d’une maladie, puisque les militants ont obtenu de sortir la dysphorie de genre du tableau des maladies mentales pour en faire un choix intentionnel tout en revendiquant la gratuité pour eux, de ces traitements par leur prise en charge par l’assurance maladie… ce qui leur parait naturel. CQFD bien sûr!

Nous marchons bien évidemment sur la tête. Pourquoi la famille du drogué ne paie-t-elle pas sa prise en charge? Pourquoi la famille du prisonnier ne paie-t-elle pas son enfermement? Pourquoi le skieur ne paie-t-il pas les frais prohibitifs qu’il engendre à l’hôpital, dans un sport dont les accidents n’ont pas à être mutualisés? Pourquoi, payons-nous tous pour les abus de liberté de quelques-uns? Cet excès de mutualisation sans engagement collectif a un prix. Pourquoi l’entrepreneur malhonnête ne paie-t-il pas les frais de contrôle et de justice, car il n’est tout simplement pas normal de tromper délibérément les clients?

Ce laxisme universel contribue à augmenter toujours la part de l’Etat providence qui se substitue à toutes nos responsabilités individuelles. Voilà pourquoi ce système a fonctionné pendant 50 ans. Il se nourrit de notre infantilisation, de notre irresponsabilité et de notre caprice à ne rien assumer de nos actes du dirigeant de banque en 2008 au migrant incluant tout ceux qui se comportent en passagers clandestins.

EN CONCLUSION, je ne suis pas sûr d’être compris. Car ces croyances ont percolé insidieusement, et elles sont dans les esprits de la plupart de nos contemporains qui y croient au bout du compte. Il y a toujours des arguments fallacieux pour expliquer que… mais 3.300 milliards de dette? Pourtant, il va nous falloir rompre avec ce socialisme qui a envahi la France dès 1974, puisque les prélèvements obligatoires ont franchi des caps sous Giscard qui faisaient de notre société un Etat socialiste. Serons-nous capables de nous libérer l’esprit?

Sommes-nous capables de nous dire que la France commence dans nos actions du quotidien, celles qui créent de la richesse autour de nous? Et nous avons de ce fait oublié une des sources de la richesse, l’économie du don, la prise de risque et l’investissement privé, la capacité à faire entre nous société par nos voisinages et nos actions sociales et économiques à notre initiative dans la société civile.

Le socialisme a tout simplement confisqué les charités du quotidien comme les grandes œuvres qui les transcendent et la confiance qui entretient une vie sociale pacifiée. N’est-il pas pathétique de constater que ce sont très largement la foi d’Américains qui ont permis la reconstruction de Notre-Dame de Paris? Cela en dit très long sur l’endettement des esprits. Les Français ne croient plus en eux-mêmes, en leurs œuvres, en leur société.

Le chantier est donc immense, mais il va nous falloir redonner goût à la vraie liberté d’agir en responsabilité. Reste à s’accorder sur quelques grands chantiers pour la société civile française. À demain pour exposer quelques pistes en faveur du seul parti qui vaille, celui de la restauration de la société civile en réduisant l’Etat à ses seules fonctions régaliennes au sens le plus strict, inscrit dans une nouvelle constitution qui acterait définitivement du périmètre régalien dont l’Etat ne pourrait sortir: contenir le Léviathan.

A SUIVRE

Pierre-Antoine PONTOIZEAU

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