Comme le disait Faulkner, "le passé n'est jamais mort. Il n'est même pas passé". Il est même, d'une certaine façon, notre avenir.
Sous l’appellation de "provincialisme du temps", je vous parlais il y a quelques semaines de cette manie progressiste de regarder avec condescendance les époques qui nous ont précédés, vues comme des périodes archaïques et rétrogrades, n’ayant pas eu la chance de jouir des trésors de sagesse que la nôtre s’enorgueillit d’avoir produits, et de ses merveilleuses valeurs d’inclusion et de diversité, entre autres prodiges.
Au rebours de cette lubie vaniteuse, le conservateur, lui, entretient avec le passé un rapport de gratitude, conscient de ce qu’il doit aux générations qui ont accumulé pour lui des trésors inestimables. " Qu’admirons-nous aujourd’hui dans le monde qui n’ait été édifié, peint, sculpté, ciselé par ceux-là mêmes dont les Modernes ont revendiqué haut et fort ne pas être les héritiers? ", s’interroge la philosophe Françoise Bonardel dans son bel essai Des héritiers sans passé (Les Éditions de la Transparence, 2010).
UN LABEUR D’UNIFORMISATION GENERALISEE
En réalité, notre époque est si peu sûre de pouvoir égaler sur ce plan les siècles passés que la simple mention d’un “geste architectural contemporain” suffit, comme ce fut pour la restauration de la flèche de Notre-Dame de Paris, ou plus récemment pour le projet de pavillon d’accueil de l’Assemblée nationale, à déclencher une levée de boucliers – bien souvent à juste titre.