Miracle de Notre-Dame  les statues de la flèche retrouvent le ciel de Paris (07/07/2025)

Les seize statues originelles de la flèche de Notre-Dame de Paris avaient été ôtées pour restauration quatre jours avant l’incendie de 2019. La première d'entre elles, représentant l'apôtre Saint Paul, a été hissée ce lundi 23 juin sur la toiture restaurée. Les autres le seront d’ici à fin juillet. Un retour triomphal.

Par Marie de Greef-Madelin

La statue de Saint-Paul grutée vers la flèche de Notre-Dame lundi 23 juin. Photo © Etablissement Public Rebâtir Notre-Dame de Paris

Il est 20 heures ce lundi 23 juin quand la statue représentant Saint-Paul, qui vient d’être bénie par Monseigneur Ulrich, est grutée pour être replacée au sommet de la flèche de la cathédrale Notre-Dame. Sous les applaudissements, Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, salue ce moment historique. " C’est un nouveau moment fort de cette exceptionnelle aventure collective qui permet à Notre-Dame de Paris de présenter au monde un visage toujours plus beau. "

Les quinze autres statues des évangélistes et apôtres suivront progressivement dans les prochaines semaines, selon un calendrier soigneusement établi d’ici à fin juillet. Ainsi se referme une boucle providentielle: sauvées par le hasard du calendrier de restauration, restaurées par la générosité publique, ces statues de pierre et de cuivre incarnent un puissant symbole de renaissance pour les amoureux du patrimoine comme pour les fidèles.

UNE STATUE PARTICULIERE SE DISTINGUE

Dessinées par Eugène Viollet-le-Duc en 1857 et installées en 1861, ces sculptures monumentales de 3,40 mètres de hauteur et pesant jusqu’à 140 kilos représentent les douze apôtres et les symboles des quatre évangélistes: le lion, le taureau, l’ange et l’aigle. Parmi elles, une statue particulière se distingue: celle de saint Thomas, patron des architectes, qui porte les traits de Viollet-le-Duc lui-même et regarde vers la flèche comme pour surveiller son œuvre.

La restauration de ces œuvres était programmée dans le cadre d’un vaste chantier engagé dès 2017 suite aux analyses menées depuis 2010 qui avaient révélé leur état préoccupant: corrosion des armatures intérieures en fer, début de dislocation des feuilles de cuivre, infiltrations d’eau et altération chimique par électrolyse entre le cuivre et le fer.

UNE RESTAURATION EXCEPTIONNELLE

Après le lancement d’une collecte publique par la Fondation Notre-Dame, qui avait rassemblé 1,2 million d’euros, le chantier avait été confié à l’entreprise Socra, basée à Marsac-sur-l’Isle en Dordogne, qui a mené la restauration d’avril 2019 à juin 2021. Chaque statue a fait l’objet d’un processus minutieux: désassemblage partiel des feuilles de cuivre, extraction et remplacement des armatures corrodées, décapage complet par micro-gommage à la poudre de noyau d’abricot pour éliminer l’oxydation vert-de-gris.

Une fois ce nettoyage, les nouvelles armatures ont été métallisées et peintes pour une meilleure pérennité, puis isolées du cuivre par du téflon pour supprimer tout risque d’électrolyse. Les feuilles de cuivre, intégralement conservées, ont été martelées pour corriger les déformations et soudées au millimètre près. Un soin particulier a été apporté à la patine finale. L’objectif était de retrouver la couleur d’origine des statues: un bronze sombre visible sur les photographies historiques de Mieusement et Marville, prises peu après leur installation.

Un respect du patrimoine historique salué par Robert Leblanc, vice-président de la Fondation Notre Dame: " Voir ces statues revenir aujourd’hui, elles qui ont échappé à l’incendie, est une profonde émotion. Elles incarnent une générosité qui a précédé le drame, et un attachement universel à Notre-Dame. Avec leur patine d’origine retrouvée, elles sont plus belles que jamais". 

08:39 | Tags : histoire, société, religion | Lien permanent | Commentaires (0)