Qu’est-ce que l’eugénisme? Qui sont ses précurseurs? (04/06/2025)

Selon l’étymologie, eugénisme vient du grec eu = bien, et genos = naissance, genre, espèce, race + suffixe isme = dogme, doctrine. Donc doctrine d’une bonne naissance, dogme d’une bonne espèce, d’une bonne race.

D’après Toupictionnaire, on peut distinguer deux sens. Premier sens: l’eugénisme est le domaine de la génétique appliquée qui cherche à améliorer l’espèce humaine. Le terme a été créé en 1883 par le naturaliste anglais Francis Galton (1822-1911), pour désigner la technique et la politique visant à améliorer les qualités "héréditaires" de groupes humains par le contrôle de la procréation.

"L’eugénisme est la science de l’amélioration des lignées, qui n’est aucunement confinée à des questions de croisement judicieux, mais qui, tout particulièrement dans le cas de l’homme, prend appui sur tous les facteurs susceptibles de conférer aux races ou souches les plus convenables une plus grande chance de prévaloir rapidement sur celles qui le sont moins ".

Cette définition complexe parle d’une science, mais, visant un effet pratique, c’est sans doute plus une technique qu’une science. Par ailleurs, avec l’expression  "races les plus convenables", la définition implique un jugement de valeur et suggère un projet politique.

Deuxième sens: l’eugénisme est l’attitude philosophique ou la théorie qui préconise une amélioration du patrimoine génétique de certaines populations humaines par la sélection, par l’interruption de la grossesse, par l’interdiction de la reproduction des individus considérés comme inférieurs, ou même par l’élimination physique de certains individus.

L’eugénisme peut être le résultat d’une politique délibérément menée par un Etat, mais aussi le résultat d’un ensemble de décisions individuelles et convergentes prises par les futurs parents, dans une volonté privilégiant la recherche du "meilleur enfant" possible ou cherchant à éviter certaines affections graves, forme de souhait existant depuis l’Antiquité.

L’eugénisme est établi sur deux postulats philosophiques: d’une part, la croyance en la possibilité d’améliorer l’espèce humaine, et d’autre part, la foi en la science, en tant que savoir fiable et utile, capable de réaliser cette amélioration.

 

L’eugénisme trouva son application la plus extrême sous le IIIème Reich qui organisa l’élimination brutale de personnes issues de races considérées comme " inférieures " (non Aryens).

L’eugénisme est combattu pour des raisons d’ordre moral, religieux et social.

L’idée d’eugénisme est un archétype transculturel qui semble avoir existé chez les peuples élevant des animaux. Dans La République, Platon (428-348 avant Jésus-Christ) en a donné une fois pour toutes cette formule: "Il faut … que, le plus souvent possible, ce soit l’élite des hommes qui ait commerce avec l’élite des femmes, et, au contraire, le rebut avec le rebut; que les rejetons des premiers soient élevés, non ceux des seconds, si l’on veut que le troupeau garde sa qualité éminente; et, en outre, que toutes ces dispositions, quand on les prend, soient ignorées de tout le monde, sauf des Magistrats".

Le souci de contrôler les naissances pour faire de " bons " enfants existe depuis l’Antiquité.

L’aspect platonicien à régler les unions pour préserver la qualité des peuples a été souvent repris dans la littérature politique, puis en médecine, lorsqu’au XVIIe Siècle, celle-ci a commencé à s’intéresser à " l’art de faire de beaux enfants " (la " callipédie "). Au XVIIIè Siècle, les aspects politique et médical se joignent dans des déclarations appelant à prendre en compte l’amélioration des qualités " naturelles " de l’homme dans la conception du progrès, par exemple Condorcet en 1793.

L’eugénisme est une idéologie. A un moment donné de l’histoire, il a reflété une réalité sociale conflictuelle, et a fonctionné comme un discours visant à justifier des rapports inégalitaires entre les hommes. L’idéologie eugéniste s’est construite en référence à deux aspects de la pensée scientifique de la seconde moitié du XIXè Siècle: la théorie de l’hérédité et la théorie de l’évolution par sélection naturelle.

L’eugénisme apparaît sous l’influence des thèses de Charles Darwin, naturaliste et paléontologue britannique (1809-1882). L’évolution résulte d’un mécanisme de sélection. Le darwinisme est la survie du plus fort, du plus apte. Or, les eugénistes pensent que le niveau de population décline inexorablement. En effet, selon eux, les sociétés civilisées permettent aux inaptes de survivre, pendant que l’urbanisation freine la reproduction des individus les meilleurs au profit des moins performants. Selon les eugénistes, la composante essentielle de l’hérédité est l’inné. Ils critiquent de façon virulente les théories de Jean-Baptiste de Lamarck, naturaliste français (1744-1829) et de Herbert Spencer, philosophe et sociologue britannique (1820-1903). Lamarck et Spencer font la part belle à l’acquis au détriment de l’inné.

Spencer explique que, chez les humains, il existe des instincts sociaux tels que la sympathie, l’altruisme et le sens de la solidarité. Ces qualités morales sont devenues partie intégrante de la culture. Si elles ont été sélectionnées, c’est qu’elles facilitaient la survie des premiers groupes humains, le plus apte n’étant pas forcément le plus vigoureux ou le plus habile à la chasse. Or, en sélectionnant les comportements sociaux, la sélection naturelle équilibre le donné par l’acquis. Ainsi, la nature et la culture s’amalgament peu à peu. Les pressions sélectives changeront cet état de fait.

Spencer élabore un système synthétique, l’évolutionnisme, selon lequel tous les phénomènes humains sont soumis à la loi de l’évolution. Il en va ainsi de la morale, de l’art, de la société, de l’économie … De là, Spencer déduit que l’homme doit se soumettre, afin de continuer sur la voie du progrès, se soumettre aux lois qui régissent toute la nature, à commencer par la sélection qui apparaît chez lui sous l’expression de "survivance du plus apte".

Spencer donne ainsi naissance au " darwinisme social ", qui prône un libéralisme intégral, qui doit permettre mécaniquement l’éviction des plus faibles et la promotion des meilleurs. Mais l’expression Le Darwinisme social fut inventée en 1880 par le journaliste et anarchiste français Emile Gauthier (1853-1937).

Ces considérations sur l’animal humain rencontrent un très grand succès parmi les classes dominantes, succès qui ne s’est jamais démenti jusqu’à nos jours dans ses formes actualisées. Au nom de Darwin, la protection sociale devient pour Spencer l’un des handicaps majeurs au développement des groupes sociaux, ce qui justifiera l’abolition des lois pour les plus démunis, et la justification de l’esclavage.

En 1883, le cousin de Charles Darwin, Francis Galton, invente le mot eugénisme, avec pour but, l’amélioration de la race humaine. Selon son auteur, l’eugénisme " s’occupe de toutes les influences susceptibles de donner aux races les mieux douées un plus grand nombre de chances de prévaloir sur les races les moins bonnes ". La connotation raciste de l’eugénisme est déjà présente.

Galton forgea le terme d’eugénisme. Il a aussi proposé un concept " dur " de l’hérédité, concept selon lequel les organismes individuels ne sont du point de vue de l’hérédité que des " transporteurs passifs ". Selon cette conception de l’hérédité, les individus transmettent à leur progéniture un stock de caractères qu’ils avaient eux-mêmes à leur conception, et non ce qu’ils ont acquis au cours de leur développement et existence. Le concept dur de l’hérédité est tout adapté à un discours fataliste sur la maladie, la délinquance et les handicaps sociaux.

Le lien entre eugénisme et théorie de l’évolution par sélection naturelle est plus subtil. On a dit que, dans les peuples civilisés, la sélection naturelle ne joue plus son rôle d’amélioration, car divers facteurs entraînent la dégénérescence des peuples européens et favorisent la prolifération des inaptes: les guerres nationales qui exterminent les jeunes hommes les plus vigoureux, la médecine qui permet à des individus maladifs de grandir et de se reproduire, enfin la fécondité supposée plus grande des classes inférieures de la société.

Tous ces facteurs étaient autant de formes d’une " sélection sociale " qui font échec à la sélection naturelle. Ces contre-sélections ont été présentées comme des facteurs d’évolution rétrograde, condamnant les sociétés " civilisées " à une décadence certaine, si elles ne réagissaient pas par une sélection artificielle appropriée.

Selon Galton, la sélection doit se poursuivre à l’égard des caractères intellectuels. A cet effet, il faut engager une action de sélection artificielle institutionnalisée qui doit se substituer à la sélection naturelle. Il est possible de reproduire une race d’hommes plus performante, au moyen de mariages judicieux, de la même façon qu’on améliore une race animale par sélection naturelle.

L’amélioration ou la dégénérescence de l’espèce humaine dépendent des institutions sociales. Galton recommande une forme douce d’eugénisme, à savoir un eugénisme positif, visant à " reconnaître les symptômes des lignées ou races supérieures, et à les favoriser de sorte que leur progéniture soit plus nombreuse et remplace graduellement celle de la vieille race ". L’eugénisme positif favorise la reproduction des individus de valeur, les caractères jugés bénéfiques, les bonnes unions dont la progéniture sera de qualité. Le camp positif croit qu’il faut encourager ceux qui ont une génétique supérieure, à avoir plus d’enfants que ceux qui ont une génétique inférieure.

Georges Bernard Shaw, critique musical, dramaturge, essayiste irlandais, membre de la Fabian Society (1856-1950), a ouvertement appelé des scientifiques à développer des gaz pour assassiner des groupes ou des races qui ne voulaient pas être contrôlés dans leur utopisme fabien. Plus tard, IG Farben répondra à ses souhaits en développant une arme chimique, le Zyklon B. IG Farben rachètera Bayer en 1925, puis sera officiellement démantelé en 1945, pour réapparaître sous une autre appellation, Farben, Bayer HG.

Georges Bernard Shaw a également exigé un système dans lequel les humains devaient siéger dans un comité et justifier de leur existence devant un panel de fonctionnaires qui avaient le droit de décider du sort d’une personne. Si les gens ne pouvaient plus démontrer qu’ils étaient productifs devant ce panel de bureaucrates, ils seraient humainement assassinés. Voici ce qu’il a appelé de ses voeux:

"Et disons tous les cinq ou sept ans, mettez-les simplement là, et dites: monsieur ou madame, maintenant, auriez-vous la gentillesse de justifier votre existence? Si vous ne pouvez pas justifier votre existence, si vous ne faites pas votre poids dans la barque sociale, si vous ne produisez pas autant que vous consommez, ou peut-être un peu plus, alors, clairement, nous ne pouvons pas utiliser les organisations de notre société, dans le but de vous maintenir en vie, parce que votre vie ne nous profite pas, et ne peut pas vous être d’une grande utilité … " Ces hommes seraient-ils des Mangeurs inutiles?

Georges Bernard Shaw a également poursuivi la politique de Sidney Web, économiste et militant socialiste britannique (1859-1947), et de sa femme Béatrice (1858-1943), c’est-à-dire l’infiltration des idées socialistes dans les partis politiques existants sur toute la planète, à commencer par les Etats-Unis. En 1889, il publie des essais du Socialisme fabien. Il écrit que la nécessité d’un changement progressif doit être évidente pour tout le monde, que le socialisme peut être réalisé d’une manière parfaitement constitutionnelle par des institutions démocratiques. Il dit encore:

" Nous avons exhorté nos membres à rejoindre les associations libérales et radicales de leur district. Nous avons pénétré des organisations de parti et nous avons tiré les ficelles sur lesquelles nous pouvions mettre la main avec la plus grande habileté. Nous avons si bien réussi qu’en 1888, nous avons acquis le solide avantage d’une majorité progressiste pleine d’idées, idées qui ne seraient jamais venues à leur tête si les fabiens ne les y avaient pas mises. Et c’est exactement ce qui était fait. Au cours de ce cycle, la LSE (London School of Economics = université britannique située à Londres) a conditionné des chefs d’Etat, des milliers de fonctionnaires, et plusieurs générations d’universitaires. Par conséquent, leur interprétation des écrits de Charles Darwin sert de prétexte à justifier l’hégémonie envers tous les peuples de la terre ".

Hégémonie, c’est-à-dire domination et élimination physique des peuples jugés "inférieurs", des races jugées "inférieures", des individus jugés "inférieurs".

Sous leur rhétorique apparemment compatissante, les fondateurs de la Fabian Society étaient et sont, en réalité, des nobles élitistes. Ils nourrissaient et nourrissent toujours un mépris farouche pour les plus pauvres des pauvres. Ils étaient tous des fervents racistes, obsédés à soumettre l’humanité au nettoyage ethnique. Georges Bernard Shaw et Sidney Weeb ont ouvert la voie en combinant les idéologies progressistes du socialisme et de l’eugénisme. Ils ont aussi fourni aux autres protagonistes génocidaires, comme la famille Huxley, la justification intellectuelle de la politique eugéniste qui a conduit au scandale des générations volées et à de multiples génocides à travers la planète: les Arméniens, les Ukrainiens, les Juifs, les tsiganes, les Cambodgiens, les Rwandais, les Darfouiens. La vie humaine n’a aucune valeur à leurs yeux, si ce n’est la leur.

Au travers de la création de toutes leurs organisations, ces sociopathes ont usé de leur influence pour semer les graines de l’oppression scientifique totalitaire, au nom de la raison. Et jusqu’aux années 1940, ils n’ont jamais caché leur agenda psychopathe, dont la promotion s’est faite par le biais de leurs livres, de leurs films, et de leurs conférences. Ils nous ont tous amenés psychologiquement à accepter l’inacceptable. Pendant plus d’un siècle, cette organisation et tous les mouvements philanthropiques ont changé les lois, les modes, les mœurs, sapé la famille traditionnelle, les droits de propriété et la liberté individuelle. Tout ceci a été à peine perceptible au fil des décennies, pour en arriver à la dégénérescence que nous connaissons de nos jours, et dont Macron est une figure de proue et une locomotive.

John David Rockefeller investira beaucoup d’argent dans ce programme de dépopulation. Le mot eugénisme a été repris comme un programme d’action politique par Léonard Darwin, le fils de Charles (1850-1943).

Ce qui était une description deviendra pour ces gens dénués d’empathie une prescription, une doctrine, afin de justifier les pires crimes envers l’humanité. Il en résultera la fusion entre le darwinisme social et l’eugénisme, pour arriver au transhumanisme.

Dans les années 1870, Herbert Spencer était le philosophe le plus lu dans le monde anglophone. Les opinions racistes de Spencer et la promotion du darwinisme social ont eu le plus grand effet sur notre culture, ce qui a conduit à l’adoption d’une compétitivité des plus sauvages pour la richesse, la position et les privilèges qui sont les moteurs dominants du fond social de soi.

Jean Saunier

08:07 | Tags : science, hisoire, société | Lien permanent | Commentaires (0)